Alors que Maersk s’affaire pour assurer son approvisionnement de sa future flotte depuis ses annonces de 2021 portant sur son engagement en faveur du méthanol vert, il ne semble pas perturbé par les difficultés que cette nouvelle technologie génère.
Selon Tradewinds, l'armateur danois de porte-conteneurs envisagerait de commander une autre série de 16 000 EVP à la double motorisation avec le méthanol. Les trois principaux chantiers navals sud-coréens – Hyundai Heavy Industries (HHI), Samsung Heavy Industries (SHI) et Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering (DSME) –, auraient été sollicités. HHI est déjà le constructeur des huit premiers commandés en août 2021 et dont la livraison est prévue en 2024 et 2025. Maersk a ensuite exercé son option pour quatre autres en janvier 2022. L'ensemble avait été précédé, en juillet 2021, d’un feeder, confié à Hyundai Mipo Dockyard (HMD). Ce dernier devrait être mis à l’eau en 2023 pour opérer en Baltique.
Alors que le numéro deux mondial de la ligne régulière avait payé 177 M$ pour chacune des huit premières unités, que l’affaiblissement du won coréen a ensuite réduit à 175 M$, il devra sans doute payer bien plus pour sa nouvelle série, compte tenu du coût de l’acier qui a flambé. Alphaliner estime l’ensemble à 2,2 Md$ si les livraisons sont susceptibles d'intervenir en 2025 et 2026.
Le carnet de commandes de Maersk est l’un des plus faibles parmi les dix premiers transporteurs mondiaux de conteneurs. Actuellement, seul le ratio commandes/flotte en exploitation du taïwanais Yang Ming (5,3 %) est inférieur à celui de Maersk (7,5 %).
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Opération approvisionnement
L'armateur danois s'est associé en mars à six sociétés, fournisseurs d’énergies, pour sécuriser au moins 730 000 t de méthanol par an d’ici 2025. Bien plus qu’il n’en faut pour alimenter ses douze futurs porte-conteneurs de 16 000 EVP, dont la consommation est estimée à 360 000 t par an
Pour son feeder, premier navire commandé au méthanol, Maersk a contracté avec Reintegrate, filiale du groupe danois d’énergies renouvelables European Energy, qui sera en mesure de lui assurer 10 000 t d'e-méthanol, de source solaire. La compagnie a par ailleurs investi dans WasteFuel, qui produit du bio-méthanol et biogaz à partir des déchets agricoles et ménagers. L’entreprise californienne aurait la capacité de fournir à Maersk environ 300 000 t par an à partir de 2024 à partir d'un projet de bio-méthanol développé en Amérique du Sud. Mais dans l’absolu, l’offre de biomasse est limitée car elle entre en concurrence avec les demandes d’autres secteurs.
Selon un rapport de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables et du Methanol Institute, environ 98 Mt de méthanol sont produits chaque année mais moins de 200 000 t sont du méthanol vert. CMA CGM vient de faire ses premiers pas vers le futur carburant en annonçant une commande de six porte-conteneurs de 15 000 EVP.
A.D.