Rosatom, qui opère jusqu’à présent une flotte de brise-glaces nucléaires, entend mettre en service le premier porte-conteneurs sur la route maritime du Nord (RMN), le tronçon oriental du passage du Nord-Est (dit PNE), reliant l’Asie à l’Europe en passant par le Nord, c’est-à-dire de la mer de Bering à celle de Barents le long des côtes sibériennes.
C'est ce qu'a confirmé Alexander Bryntsev, directeur de la construction navale et des infrastructures chez Rusatom Cargo, lors de la conférence sur le pétrole et le gaz de Sakhaline fin septembre. « Nous prévoyons de construire une série pilote de porte-conteneurs d'une capacité de 6 000 EVP classe glace. Nous envisageons de lancer le premier d’entre eux en 2025 », a-t-il déclaré. La société prévoit de publier un appel d'offres pour la construction d'ici la fin de l’année. « Les coûts préliminaires n’ont pas encore été déterminés. Ils dépendront des spécifications », a indiqué Ekaterina Lyakhova, directrice de l'économie et des investissements de l’entreprise.
Exploitation de l’Arctique
La Russie, qui considère la RMN, à moins de 370 km de ses côtes, comme partie de ces eaux territoriales, s’active depuis bien des mois déjà pour élargir la fenêtre saisonnière de navigation afin de permettre une exploitation toute l’année. Alors que cette artère glacée, longue de 13 000 à 14 000 km, était jusqu’à présent praticable de juillet à décembre, l’an dernier, elle a ouvert avec deux mois d’avance.
Actuellement, une « navigation de destination » s’y déploie déjà (des navires transportent des matières premières). Le grand dessein russe est d’offrir une alternative aux autres routes maritimes mondiales congestionnées entre Europe et Asie. Le Sevmorput', selon son appellation russe, ferait l’économie de deux semaines en transit time et de quelque 4 000 milles nautiques en distance.
Northern Marine Transit Corridor
En septembre, l’opérateur portuaire émirati DP World et le plus grand opérateur de transport intermodal russe Fesco ont annoncé un accord de coopération en vue d’étudier la faisabilité technique et économique d’un poste à quai pour des porte-conteneurs sur le port de Vladivostok (sud de la Sibérie), où Fesco envisage en outre de créer un hub logistique.
L'accord s'inscrit dans le cadre d’un projet plus large dans lequel Rosatom est aussi une cheville ouvrière. Le Northern Marine Transit Corridor (SMTC) prévoit le développement d’une flotte de porte-conteneurs pilotes, la création d’une ligne et des ports pivots pour le transit de marchandises le long de la route du Nord.
Ces projets se développent alors que de nombreuses voix s’élèvent contre l’exploitation de ces immensités gelées en raison des menaces qu’elle fait peser sur les écosystèmes entre autres.
A.D.