Les revenus du carbone dans le monde ont approché les 100 Md$ en 2021, soit un quasi doublement en un an alors qu’ils atteignaient les 53,1 Md$. Cette hausse est presque exclusivement le fait des marchés de quotas, indique l’étude l'Institute for Climate Economics (I4CE), dont le calcul porte sur la période entre les mois de mars 2021 et 2022.
Les revenus proviennent à la fois de taxes sur des activités polluantes et de quotas échangeables (appelés ETS ou droits à polluer). Pour rappel, les entreprises de certains secteurs ont un quota d'émissions à respecter. Au-delà de la limite allouée, elles doivent acheter des quotas sur le marché tandis qu'à l'inverse, si elles polluent moins, elles peuvent les revendre.
« Les prix des quotas ont largement augmenté notamment du fait des prix de l'énergie liés à la guerre en Ukraine : les prix du gaz ayant augmenté, on s'est tourné vers le charbon qui émet plus de CO2 que le gaz », justifie Marion Fetet, co-autrice de l'étude. Les quotas sont donc devenus plus rares. L’étude pointe aussi les effets du paquet climatique Fit for 55 de l'Union européenne, qui a entrainé une diminution des quotas.
70 % des revenus mondiaux
Ces facteurs, qui s'ajoutent à une certaine spéculation sur les marchés, peuvent aussi expliquer renchérissement des quotas et la hausse des revenus carbone. I4CE note que pour la première fois, les ETS ont apporté la majorité (70 %) des revenus mondiaux et non plus des taxes. Or « les revenus des ETS financent plutôt des priorités environnementales clairement délimitées alors que les revenus des taxes alimentent le plus souvent directement les budgets généraux », est-il précisé.
Toutefois, seules 20 % des émissions dites anthropiques (liées à l'activité humaine) de gaz à effet de serre dans le monde sont couvertes par un prix du carbone. Certains gros pays émetteurs (États-Unis) ne sont pas couverts par des politiques de tarification du carbone, tout comme certains secteurs, à l’instar du transport maritime mais plus pour longtemps.
La rédaction