Le pétrole russe transite principalement par les ports russes de Primosk (photo) et Oust Luga sur la Baltique. ©DR
La Russie a réitéré ses inquiétudes quant au projet d'introduire une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne, une mesure qui coûterait cher à Moscou, très dépendante de ses exportations d'hydrocarbures, notamment vers l'Europe.
En juillet, un puissant groupe de lobbying d’industriels russes, KPMG, avait déjà lancé l’alerte alors que la commission de l'environnement du Parlement européen venait de voter pour faire entrer le secteur dans le système européen d'échange de quotas CO2. Il avait alors estimé que cette mesure coûterait aux exportateurs russes plus de 5 Md€ par an en droits de douane, soit une facture fiscale de 33,3 Md€ entre 2025 et 2030. En 2019, la Russie a exporté pour 143 Md€ de marchandises vers l'UE, dont environ les deux tiers sous forme de pétrole et de gaz.
« La volonté de nos partenaires européens d'introduire une taxe carbone sous couvert d'agenda climatique aura des conséquences très graves pour l'économie russe. Nos industries de base, telles que la métallurgie ferreuse et non ferreuse, l'industrie chimique et énergétique pourraient en souffrir », estime aujourd’hui Dmitri Medvedev, ex-Premier ministre et vice-président du Conseil de sécurité, cité par les agences russes. S’appuyant sur des estimations de l'Académie des sciences russe, il est particulièrement inquiet pour les exportations de pétrole et de charbon russes et évalue les pertes financières des exportateurs nationaux « à des milliards d'euros ».
Le parlement européen veut inclure le transport maritime dans son marché carbone
Pour surmonter la crise du coronavirus, l'UE a annoncé cet été un plan de relance à 750 Md€, dont les fonds sont tirés d'une dette inédite et commune aux pays membres de l'UE. Pour rembourser cette créance, l'UE prévoit entre autres de créer avant 2023 une taxe carbone sur les produits importés.
Le « Green deal » pourrait faire payer le carbone au transport maritime
Grande productrice de matières premières et en particulier d'hydrocarbures, la Russie tire une partie importante de ses revenus budgétaires de leurs exportations notamment vers l'Europe. Le pays a déjà subi un revers avec l'arrêt du projet de gazoduc Nord Stream 2, qui devait abreuver l'Europe et notamment l'Allemagne en gaz russe. Bien que quasiment terminé, le projet est à l'arrêt en raison des menaces de sanctions américaines. Vladimir Poutine s'est donné pour objectif d'augmenter d'ici 2030 « d'au moins 70 % » les exportations de produits autres que les hydrocarbures.
A.D.