L’armateur danois de porte-conteneurs Maersk, le chantier naval Keppel Offshore, le gestionnaire de navires Fleet Management, le fabricant d'engrais Yara et le conglomérat japonais Sumitomo se sont associés pour étudier la faisabilité du soutage à l’ammoniac à Singapour, premier hub mondial d’avitaillement des navires.
Ensemble, ils ambitionnent d’être parmi les premiers à mettre en place une « chaîne d'approvisionnement complète et compétitive pour la fourniture d'ammoniac vert ». A.P. Moller-Maersk, le chantier naval Keppel Offshore, le gestionnaire de navires Fleet Management, le fabricant d'engrais Yara et le conglomérat japonais Sumitomo mobilisent leurs ressources pour rendre l’ammoniac disponible « à la pompe ». Certains d’entre eux sont aussi mobilisés dans une initiative similaire autour de l’ammoniac.
Les choix technologiques du leader mondial dans le transport maritime de conteneurs sont connus : le méthanol et l’ammoniac vert font partie des priorités d’A.P. Moller-Maersk. Le leader danois envisage même de mettre en service d’ici deux ans un premier petit porte-conteneur alimenté au bio-méthanol.
« En plus du méthanol, chez A.P. Moller-Maersk, nous considérons l'ammoniac vert comme un carburant au potentiel nécessaire pour décarboner notre flotte. Un moteur bicarburant à l'ammoniac est en cours de développement, mais pour qu’il puisse alimenter nos navires à l'avenir, nous devons également résoudre des problèmes d'approvisionnement, d'infrastructure et de sécurité, notamment en ce qui concerne les opérations de soutage », explique Morten Bo Christiansen, vice-président et responsable de la décarbonation chez A.P. Moller-Maersk.
Repartition des tâches
Maersk et Fleet Management travailleront à l'élaboration de procédures de soutage sûres et fiables. Keppel doit s’atteler à la fois au développement de souteurs à l'ammoniac mais aussi au retrofit des navires de soutage de GPL pour les rendre prêts pour l’ammoniac. Sumitomo prend en charge la partie de la chaîne d'approvisionnement, y compris le transport et le stockage. Yara s’occupera de l'approvisionnement en ammoniac « vert » (sans carbone produit à partir d'énergie renouvelable), « bleu » (neutre en carbone produit à partir de gaz naturel avec captation du CO2) et « gris » (ammoniac produit à partir de gaz naturel).
Le Maersk McKinney Moller Center for Zero Carbon Shipping est mis à contribution pour fournir une étude sur les problématiques de sécurité ainsi qu’une feuille de route technologique. L’idée étant de déboucher sur la modélisation économique des coûts sur l’ensemble du cycle de vie.
« Il est essentiel de comprendre le cycle de vie complet et les implications en terme de sécurité lors des opérations et du soutage de l'ammoniac dans les ports. Ce projet permettra de combler les lacunes en matière d'infrastructure et de réglementation et d'apporter les solutions », mentionne Bo Cerup-Simonsen, PDG du Maersk McKinney Moller Center for Zero Carbon Shipping.
Singapour, en banc de test
Inévitablement, Singapour est le candidat idéal pour expérimenter l’approvisionnement du carburant que l’industrie du transport maritime a érigé en carburant-star de demain. La Maritime and Port Authority of Singapore (MPA) est aussi partenaire d’une initiative visant également à étudier les navires à propulsion à l'ammoniac, aux côtés de Yara, MAN, Samsung Heavy Industries et Lloyd's Register.
Enfin, l'American Bureau of Shipping (ABS), l'Université technologique de Nanyang (NTU Singapour) et l'Institut de sécurité et de formation à l'ammoniac (ASTI) son invités à estimer le potentiel de soutage à l'ammoniac dans le port.
A.D.
Photo ©Maersk