L'Iran et la Russie, deux pays sous le coup de sanctions occidentales, se sont engagés à renforcer leur coopération sur le long terme, notamment dans le secteur du gaz et du pétrole, a indiqué Téhéran lors d'une rencontre tripartite avec le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan.
Selon l'agence de presse publique iranienne Shana, le producteur de gaz russe Gazprom et la National Iranian Oil Company ont signé un protocole d'accord d'une valeur d'environ 40 Md$ par lequel ils vont collaborer pour développer les champs gaziers de Kish et de North Pars. L’accord comprend en outre des « pojets en lien avec le GNL », la « construction de gazoducs pour l’export » et une coopération scientifique et technologique. Gazprom a confirmé la signature du MoU dans un communiqué le 19 juillet.
L'Iran partage l'immense champ de South Pars/North Dome avec le Qatar. Toutefois, les sanctions américaines ont ralenti le développement des exportations de gaz et de GNL en Iran. Iran LNG, dont la NIOC est actionnaire, avait démarré en 2007 la construction d’une usine de GNL d’une capacité de 10,8 Mt par an à Tombak, mais toujours en chantier. L’agence de presse avait par ailleurs indiqué en début d’année que la National Iranian Tanker Company (NITC) prévoyait de commander le premier pétrolier Aframax alimenté au GNL du pays. La NITC exploite une flotte de VLCC, de suezmax et d’aframax.
Développement des lignes maritimes
Les liens de renforcent incontestablement entre l’Iran et la Russie. La compagnie maritime iranienne, Islamic Republic of Iran Shipping Line (IRISL), développe des services visant manifestement le transport de marchandises russes vers l'Inde via le corridor international de transport Nord-Sud, une route terrestre et maritime traversant une douzaine de pays entre l'Europe de l'Est et l'Asie du Sud. Evoqué pour la première fois en 2020, le corridor a buté sur des obstacles d’ordre géopolitique mais le conflit en Ukraine lui a donné une nouvelle pertinence en permettant de contourner les sanctions occidentales contre la Russie.
La route serait opérationnelle, après une période d'essai en juin, notamment avec un chargement de feuilles de stratifié, de Saint-Pétersbourg vers le port indien de Nhava Sheva, après avoir transité par le port d'Astrakhan, dans le sud de la Russie, puis en Iran par Anzali, port en bordure de la mer Caspienne, et par Bandar Abbas dans le golfe Persique. IRISL table sur 300 conteneurs entre la Russie et l'Inde.
La compagnie maritime turque, Medkon Lines, qui exploitait jusqu'à récemment un service Turquie-Ukraine, le BSE (Black Sea Express), avec l’invasion du pays par la Russie, devrait démarrer en août une nouvelle ligne depuis Izmit (Evyap) vers le port russe de Novorossiisk, sur la mer Noire. La boucle, baptisée TRS (Turkey Russia Service), sera opérée avec un navire d’une capacité de 707 EVP. Une escale à Ashdod, en Israël, est évoquée pour le premier voyage seulement à ce stade. Medkon Lines exploite actuellement une flotte de dix navires polyvalents et cellulaires de 700 EVP sur un réseau reliant la Turquie à l'Afrique du Nord (Libye) et à la Méditerranée orientale (Égypte, Israël, Liban).
A.D.