Dodoma impose un camouflet à Pékin. Le projet portuaire chinois porté dans le cadre de l'initiative « One belt, one road ». Tout comme les projets soudanais Suakin, mozambicain Techobanine, le tanzanien Bagamoyo figurait parmi les projets greenfields prospectifs, si ce n’est hypothétiques, sur le continent africain.
Il suscitait beaucoup de doutes. Son sort est soldé. La Tanzanie a suspendu la construction du projet portuaire de Bagamoyo, d'une valeur de 10 Md$, en invoquant les conditions financières trop onéreuses exigées par Pékin. Le projet, qui devait s'insérer dans le grand dessein chinois de réediter les routes antiques de la Soie (mais dans le sens inverse, de l'Asie vers l'Europe), avait été lancé il y a quatre ans et devait être géré par China Merchants Holding International. Il était destiné à devenir le plus grand port d'Afrique de l'Est.
Le président tanzanien John Magufuli rejoint la cohorte des pays qui accusent le géant chinois d'exiger des conditions d'exploitations et financières que « seuls les fous peuvent acceptées ». La Chine fait l'objet de plus en plus de critiques, taxée de pousser de nombreux pays à s’endetter en leur prêtant des prêts colossaux et ensuite à les contraindre de céder une partie de leur souveraineté, notamment leurs infrastructures, en contrepartie de leurs créances.
Concurrence inter-portuaire
Les investisseurs chinois auraient exigé, selon le président tanzanien, qu'aucun autre port ne soit construit de Tanga au sud du Mtwara, autant dire de la frontière kenyane au nord à celle de la Mozambique au sud, ainsi qu'une durée de concession de 33 ans et un bail emphytéotique de 99 ans. « Ils veulent s'approprier les terres, mais nous devons les dédommager pour le dragage et la construction de ce port ».
John Magufuli estime par ailleurs que le nouveau port de Bagamoyo risquait de saper l'expansion en cours de 522 M$ de Dar es-Salaam, à 60 km. Jusqu'à présent limité à l'accueil de porte-conteneurs de 2 500 EVP, les travaux en cours doivent lui permettre de tripler sa capacité actuelle à la fin de cette année.
A.D.