Armateurs de France, qui vient symboliquement de remettre un trophée collectif à la communauté des marins en guise de reconnaissance pour leur professionnalisme alors qu’ils opèrent dans des conditions dégradées, s’est joint à d’autres organisations professionnelles pour demander que les marins fassent partie des publics prioritaires dans la campagne de vaccination.
Les organisations patronales – l’Union des armateurs à la pêche de France (UAPF), Orthongel, qui regroupe les armements français de pêche au thon, l'Association professionnelle des entreprises de remorquage maritime (Aperma), le Comité national des pêches et des Elevages Marins (CNPMEM), le Groupement des armateurs de services publics maritimes de passages d'eau, l’Association professionnelle des entreprises de pemorquage maritime (APERMA) –, craignent que la vaccination ne devienne rapidement une condition impérative d'entrée dans certains pays.
Exercer leur métier sans entraves
Les organisations maritimes au niveau mondial plaident depuis des mois pour que soit accordé aux gens de mer le statut de « travailleurs essentiels » de façon à leur permettre d’exercer sans contraintes leur métier consistant à acheminer 90 % des marchandises mondiales, dont des produits de première nécessité.
Depuis le début de la pandémie, les conditions de travail des marins du monde entier sont compliquées par les nombreuses restrictions sanitaires émises par les États et des procédures administratives. Pour nombre d’entre eux, les relèves étant inopérantes, les services ont largement dépassé le temps légal en mer au regard du droit du travail. Si une résolution de l’ONU leur accorde un statut de « travailleurs essentiels », tous les États membres ne jouent pas le jeu.
Les syndicats patronaux redoutent qu’après la relève, la vaccination devienne le nouveau défi.
Relève d'équipage : la nouvelle problématique du vaccin
Vulnérabilité et environnement unique
Dans le courrier adressé au Premier ministre Jean Castex, dont l’AFP s’est procurée une copie le 17 avril, les armateurs demandent une « vaccination prioritaire » pour quelque 40 000 marins « dont la vulnérabilité est liée à un environnement de travail unique ».
« L'éloignement des côtes, et donc de tout centre médical, ainsi que l'espace exigu d'un navire rendent le développement du virus particulièrement dangereux et rapide », insistent les signataires. Il est également fait mention du décès de deux marins embarqués à bord d'un thonier du groupe réunionnais de pêche industrielle Sapmer des suites du Covid-19 et de l’entrée en réanimation de deux autres.
« Dès le début de la crise sanitaire, ces professionnels ont été jugés indispensables au maintien des chaînes logistiques et cordons ombilicaux des îles françaises (marins au commerce) ou de l'approvisionnement alimentaire (marins pêcheurs) », font valoir les organisations signataires.
Vaccination : l'ITF demande à ce que les marins fassent partie des publics prioritaires
Un appel international
Cette demande n’a rien de spécifique. Dans certains États comme Singapour, la vaccination des gens de mer est largement amorcée. Et si la vaccination des marins n’est pas exigée, la Cité-État plaide pour une action internationale dans ce sens via l’OMI. Singapour a été relativement exemplaire sur la question de la relève des marins pendant cette année de pandémie.
L’ITF, fédération syndicale représentant les gens de mer, l’ICS (International chamber of shipping) ou encore la FMC, l’autorité américaine de régulation du transport maritime, ont appelé les autorités compétentes à faire en sorte que les marins soient vaccinés en tout premier lieu. Cela fait déjà plusieurs semaines que cette appel a été lancé.
A.D.
Photo : ©Seaspan