Le gouvernement et les filières agricoles se sont engagés à augmenter de 40 % dans les trois ans les surfaces consacrées à la culture de plantes riches en protéines.
C’est un plan qui a tardé. Le monde agricole est à vrai dire en attente depuis près de deux ans. Le président Emmanuel Macron avait exprimé au salon de l'agriculture de 2019, vouloir « porter un plan protéines ambitieux à l'échelle du continent européen », et ainsi rompre avec la bipolarité d’un accord commercial négocié dans les années 1960, qui attribue la production de protéines végétales (soja, colza) aux Amériques et celle de l'amidon (blé, céréales) à l'Europe.
Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie vient d’en fixer le cap : augmenter de 40 % dans les trois ans les surfaces consacrées à la culture de plantes riches en protéines et doubler la surface cultivée en dix ans. Actuellement, un million d'hectares sont consacrés à la culture d'oléagineux (colza, tournesol, lin) et de légumineuses (soja, pois, féverolles, lentilles...). Une augmentation de 40 % des cultures de protéagineux représenterait donc quelque 400 000 ha de terres supplémentaires semés en 2022. La production française ne couvre qu'environ 50 % des besoins de la France en protéagineux, d’après les données du ministère de l’Agriculture.
Des millions de tonnes de soja importées chaque année
L'État français met sur la table plus de 100 M€, principalement financé via le plan de relance, pour assurer cette avancée vers la « souveraineté agroalimentaire », selon les termes de Julien Denormandie. « La crise a révélé un certain nombre de dépendance de notre agriculture dans différents domaines. La cible aujourd'hui, c'est clairement les importations de soja venant du continent américain », a-t-il confié à Reuters.
La France et d'autres pays de l'Union européenne importent des millions de tonnes de soja et de farine de soja chaque année, principalement du Brésil et de l'Argentine, afin de nourrir leur bétail, ce qui les rend dépendants des prix mondiaux, des relations commerciales et des pratiques environnementales à l'étranger.
La rédaction
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