Après en avoir eu la primauté, la Corée du Sud est revenu sur un marché qu’elle avait laissé à son grand voisin chinois qui exerce sur la fabrication de conteneurs un contrôle quasi-exclusif. Soutenues par la banque publique Korea Ocean Business Corporation (KOBC), les deux entreprises sud-coréennes Seojin Systems et Ace Engineering s’associent pour fabriquer des conteneurs au Vietnam. A Haiphong, l’usine aura une production initiale de 4 000 boîtes par mois, avec HMM pour premier client.
La pénurie de boîtes accusée ces derniers mois a permis de révéler une autre dépendance à l’égard de la Chine. Pratiquement tous les conteneurs maritimes du monde – 96 % en dry et 100 % en reefers –, sont construits dans ce pays, de surcroît par trois entreprises contrôlées par l’État chinois. La Chine a dominé le marché ces quinze dernières années.
Trois fabricants
Au premier semestre de cette année, les trois principaux constructeurs chinois ont représenté 83,3 % de la production mondiale de conteneurs, selon les données de Drewry : China International Marine Containers (CIMC) avec 1,47 MEVP, soit une part de marché de 43,7 % ; Dong Fang International Containers avec 861 000 EVP (25,5 %) et CXIC 475 000 EVP (14,1%). Les autres se repartissent 561 000 EVP. Les parts de marché étaient similaires sur l'ensemble de l'année 2020, où un total de 3,1 MEVP ont été produits.
À l'instar des compagnies maritimes étrangères qui gèrent la capacité des navires pour soutenir les prix du fret, les fabricants chinois d'équipements pour conteneurs ont aussi appris à maîtriser leur production pour soutenir les prix, particulièrement bas entre 2017 et 2020. La boîte neuve coûte actuellement autour 3 500 $ par unité d'équivalent coût (UEC) contre 1 800 $/UEC au début de 2020 et 2 500 $ à la fin de 2020.
Coût unitaire compétitif
Sans concurrence ? Si la pièce est relativement simple, aucun pays n’est en mesure de concurrencer le coût unitaire d’un conteneur fabriqué en Chine. L’acier, principal élément du process de production, représente environ 60 % du coût total. Or, le prix de l'acier laminé à chaud américain, par exemple, a été 28 % plus élevé que son équivalent chinois au cours de la dernière décennie. Avec la flambée des prix de l’acier, l’écart s’est exacerbé. Et c’est sans compter les avantages concurrentiels naturels de la Chine : coût de la main-d'œuvre et soutien public.
A.D.
Photo : ©DR