Deux événements survenus ces dernières heures ajoutent aux tensions déjà exacerbées entre Washington et Téhéran font craindre un embrasement dans la région du Golfe, sur le qui-vive depuis les attaques contre des pétroliers dans les eaux iraniennes.
Le premier concerne l'arraisonnement (jusqu’au 19 juillet au moins) par les autorités britanniques d'un navire-citerne iranien au large de Gibraltar, soupçonné d'avoir voulu livrer du brut à la Syrie (où le régime de Bachar al-Assad bénéficie du soutien de l'Iran) en violation des sanctions européennes qui touchent notamment le secteur pétrolier. De hauts responsables iraniens se sont relayés ce week-end pour dénoncer une forme de « piraterie maritime » tout en menaçant de mesures de rétorsion.
Le second entaille un peu plus les relations internationales et sape une partie des fondements de l’accord de Vienne conclu en 2015 entre l'Iran et le groupe des Six (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) en vertu duquel la République islamique renonçait à tout programme nucléaire en contrepartie de la levée des sanctions internationales. Après la dénonciation de ce pacte international par les États-Unis il y a un an, avec rétablissement des sanctions américaines à la clé, l’Iran franchit à son tour une ligne rouge en enrichissant de l’uranium à 4,5 % au-delà des 3,67 %, seuil limite qui lui était autorisé pour lui permettre d'alimenter les centrales pour la production d'électricité (90 % sont requis pour fabriquer une bombe). Ce qu’a confirmé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui doit tenir une réunion extraordinaire le 10 juillet, pour faire le point sur les annonces iraniennes.
Menaces à exécution
Le 8 mai, face au durcissement de Washington, Téhéran avait menacé de s'affranchir de deux des engagements pris à Vienne : le respect de la limite fixée à ses stocks d'eau lourde (1,3 tonne) et de celle imposée à ses réserves d'uranium faiblement enrichi (300 kg). La République islamique cherchait ainsi à créer un électrochoc des autres parties prenantes et les « motiver » à l’aider dans son bras de fer avec Washington. Téhéran affirme que sa décision de s'affranchir progressivement de certains de ses engagements ne vise qu'à sauver l'accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.
La crainte est toujours de voir l’Iran réactiver un projet de construction d'un réacteur à eau lourde à Arak dans le centre du pays, modifié depuis l'accord de manière à y rendre impossible la production de plutonium, autre moyen que l'uranium pour parvenir à une bombe atomique.
Selon les experts, il faut l'équivalent d'une tonne d'uranium légèrement enrichi pour confectionner une bombe atomique, après obtention d'une vingtaine de kilos enrichis à 90 %. L'accord de Vienne avait fixé le stock maximum autorisé d'uranium légèrement enrichi à 300 kilos, un plafond dépassé de quelques kilos en ce début juillet.
La rédaction