États-Unis : une loi interdisant aux transporteurs maritimes de refuser du fret ?

Une loi rédigée par les membres de la commission Transports et Infrastructure de la Chambre des représentants des États-Unis (House T&I) obligerait les transporteurs maritimes à accepter toutes les réservations de conteneurs à l’exportation.

La proposition de loi portée par deux membres de la Chambre des représentants américaine, John Garamendi et Dusty Johnson, se veut une réponse aux plaintes croissantes des exportateurs agricoles américains qui s’estiment discriminés par les pratiques commerciales des armateurs étrangers de porte-conteneurs jugées « peu scrupuleuses ».

« Nous avons un sérieux problème », a reconnu John Garamendi lors d'une audition devant la commission T&I de la Chambre des représentants sur la pénurie de conteneurs d'exportation. L’Américain évoque notamment la préférence que les transporteurs allouerait au repositionnement des conteneurs vides en Chine au détriment du chargement des exportations américaines.

Le projet comprendrait plusieurs dispositions visant à modifier la loi américaine sur le transport maritime, supervisée par l’autorité de régulation du maritime, la Federal Maritime Commission (FMC). 

Il s’agirait d’interdire le rejet des réservations de fret pour les exportations ; d’obliger les transporteurs maritimes à inclure une déclaration de conformité aux règlements du Shipping Act ; d’exiger de la FMC qu'elle publie sur son site web toutes les constatations de fausses certifications par les transporteurs maritimes et enfin, d’établir des responsabilités d'obligation permanente pour la FMC.

10 000 ou 12 000 $/EVP 

La demande d'importations aux États-Unis a fait grimper les taux de fret jusqu'à 10 000 ou 12 000 $/EVP, indique l'Agriculture Transportation Coalition. En comparaison, les chargements de conteneurs d'exportation ne rapportent aux transporteurs que 400 à 1 800 $, sous-entend-il. D’où les suspicions à l’égard des compagnies qui privilégieraient les routes les plus lucratives

Le président du Conseil national des producteurs de porc, Jen Sorenson, estime qu'en moyenne 22 % des ventes à l'exportation de produits agricoles ne seraient pas exécutées en raison d'un manque de capacité en matière de conteneurs d'exportation. Outre les parts de marché perdues, les chargeurs craignent que les délais d’acheminement finissent par élimer leurs relations avec leurs clients. 

Rapport de trois pour un entre les importations et les exportations

Le président du World Shipping Council s’inscrit en faux contre cette accusation de prix abusifs et s’interroge sur la pertinence de donner à la FMC le pouvoir sur les décisions de réservation des transporteurs. « À l’origine de ces problèmes, c'est l'augmentation massive des importations américaines », balaie John Butler lors de son audition.

« En temps normal, le déséquilibre commercial du marché des conteneurs avec l'Asie est de deux pour un entre les importations et les exportations américaines. Il est actuellement de trois pour un. Si vous voulez que l'ensemble du système continue de fonctionner, vous devez renvoyer les conteneurs vides vers ces points d'origine. Sinon, tout le système déraille. »

Le président de la FMC, Daniel Maffei, a confirmé que la loi sur le transport maritime ne contenait actuellement aucune disposition visant à rendre obligatoire le commerce réciproque mais qu'il était disposé à entendre les arguments des deux sénateurs tout en reconnaissant que la FMC « aurait besoin de plus d’outils » pour agir sur ce point.

A.D.

Photo : Port de Long Beach ©DR

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