L'Union européenne, qui supervise les négociations sur le nucléaire iranien à Vienne, a mis un frein aux discussions lorsque Moscou a demandé des garanties supplémentaires à Washington. Il semblait qu’un texte final était quasiment ficelé, les diplomates évoquant un accord imminent.
La Russie, frappée par des sanctions occidentales après son invasion de l'Ukraine, a notamment demandé que les mesures de rétorsion dont elles faisaient l’objet n'affectent pas sa coopération économique avec l'Iran. « Hors sujet », a balayé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Pour rappel, en représailles de l'attaque russe en Ukraine, les États-Unis ont décidé d’interdire les importations de pétrole russe.
Téhéran est engagé depuis onze mois dans des pourparlers avec les grandes puissances pour tenter de réactiver l'accord de 2015 dénoncé par Donald Trump, l’ancien président des États-Unis, peu de temps après son élection en 2018. Conclu par l'Iran d'un côté, et les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l'Allemagne de l'autre, le pacte de 2015 était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée progressive des sanctions économiques.
En réaction à la dénonciation de l’accord par Washington, l'Iran s'est progressivement affranchi de toutes restrictions à son programme nucléaire.
Techniques de fraudes sophistiquées
Selon l’agence de presse AP, les États-Unis ont saisi, il y a plusieurs semaines déjà, deux pétroliers soupçonnés de transporter du pétrole iranien en violation de l'embargo américain selon un système sophistiqué de techniques de fraudes désormais connu, qui lui permet de dissimuler les cargaisons illicites.
Les volumes portent sur 733 876 barils de brut iranien selon des documents judiciaires. Le dossier judiciaire n'a été rendu public que récemment (pour ne pas gêner les négociations en cours ?) après la revente du brut d'une valeur estimée entre 38 et 45 M$. Mais les faits remontent à 2020. Selon les documents, le tanker iranien Stark I a été rebaptisé vers la mi-octobre 2020 pour échapper aux satellites, a chargé du pétrole dans un terminal iranien. Au large, il a transféré sa cargaison prohibée à bord du pétrolier M/T Arina, qui navigue sous pavillon du Panama. Les deux cargos avaient coupé leur système de localisation lors de la manoeuvre.
Après plusieurs étapes, l'Arina a transféré en août 2021, au large de Chypre, une partie de cette cargaison, soit 220 793 barils, à bord d'un autre tanker, le M/T Nostos, enregistré au Liberia.
En dépit de l’embargo sur le pétrole iranien, selon une information relayée par un média d’État, la Banque centrale d'Iran a indiqué avoir contracté des ventes de pétrole d’une valeur de 18,6 Md$ au cours du premier semestre, contre 8,5 Md$ au cours de la même période l'année dernière. Le retour de l’Iran sur le marché pétrolier permettrait d’injecter sur le marché mondial 2,4 millions de barils par jour (Mb/j), compensant en partie le manque à gagner russe, estimé à 10 Mb/j.
A.D.
Photo : Le tanker M/T Arina a servi pour le transfert du pétrole iranien en violation de l’embargo international. ©VesselFinder