Aucune des grandes majors pétrolières n’échappe à la consommation d'hydrocarbures plombée et au plongeon des cours du pétrole. Elles font toutes état de déficits historiques.
BP : – 20,3 Md$
Le géant britannique des hydrocarbures BP a dévoilé une perte nette de 20,3 Md$ en 2020 contre un bénéfice net de 4 Md$ en 2019 avant l'apparition de la pandémie. « Notre secteur a été durement touché. Le transport routier et aérien est en recul, tout comme la demande de pétrole, les prix et les marges » a indiqué Bernard Looney. Le directeur général de BP prévoit une reprise de la demande en 2021 mais s'attend à de nouvelles difficultés au premier trimestre en raison des nouvelles restrictions face aux variants du virus et dans l’attente d’une vaccination active.
Face à la crise, le groupe a mis en place un programme d'économies de 2,5 Md$ d'ici 2021, passant par la suppression de 10 000 emplois dans le monde, soit 15 % de ses effectifs. Plus de la moitié de ces réductions d'effectifs a eu lieu à la fin 2020.
Au total, BP a vendu en moyenne son pétrole à un prix compris entre 39 et 42 $ en 2020, contre entre 57 et 64 $ en 2019. Son chiffre d'affaires annuel a chuté de 35 % à 180,4 Md$. L’entreprise a décidé de passer dans ses comptes au deuxième trimestre une charge de 20 Md$ reflétant des dépréciations d'actifs. Il est toutefois parvenu à revenir dans le vert au quatrième trimestre avec un bénéfice net de 1,36 Md$ grâce à la vente pour 5 Md$ de ses activités pétrochimiques au britannique Ineos.
Comme la plupart des groupe pétrolier, BP n’échappe pas à la vague verte et veut devenir un groupe énergétique. Il s’est engagé à multiplier par 10 ses investissements dans l'énergie à faible émission carbone d'ici 2030, pour atteindre 5 Md$ par an, notamment dans les renouvelables.
Total change de nom pour tourner la page des années noires
Shell : – 21,7 Md$
Les comptes de la compagnie anglo-néerlandaise ont souffert surtout au deuxième trimestre avec des dépréciations d'actifs importantes, occasionnant une perte de plus de 18 Md$. Il est revenu dans le vert au troisième trimestre, mais a replongé au quatrième trimestre avec un déficit de 4 Md$, là encore en raison de dépréciations.
Shell a amorcé une profonde restructuration qui doit lui permettre de rester rentable avec des cours plus faibles et de remplir son objectif de verdir ses activités et d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Il veut en particulier réduire drastiquement ses coûts, ce qui passe par la suppression de 7 000 à 9 000 postes d'ici 2022. Des décisions « difficiles mais décisives », a souligné le directeur général Ben van Beurden lors de la présentation des résultats. « Nous sortons de 2020 avec un bilan financier plus solide, prêt à aller plus vite dans la conduite de notre stratégie et à accompagner le futur du marché de l'énergie »
La compagnie compte allouer 2 à 3 Md$ par an, soit 10 % du total de ses investissements pour la période 2021-2025, dans les énergies propres ou à faible empreinte carbone. Il ambitionne d’être la plus grande compagnie mondiale dans l’électricité dans la décennie 2030.
ExxonMobil et Chevron ont évoqué leur fusion
ExxonMobil : - 22,4 Md$
La société américaine, née en 1999 de la fusion d'Exxon et de Mobil, a perdu 22,4 Md$ en 2020 contre un bénéfice de 14,3 Md$ en 2019. Sa rivale directe, la texane Chevron, a limité sa perte à 5,5 Md$ en 2020. Selon le Wall Street Journal, ExxonMobil et Chevron ont évoqué ensemble la possibilité de fusionner en fin d’année dernière.
Le chiffre d'affaires d'ExxonMobil a diminué de 31 % en 2020, à 181,5 Md$. L'entreprise a de ce fait abandonné des projets jugés moins stratégiques, dont des programmes d'exploitation de gaz aux États-Unis, dans l'ouest du Canada et en Argentine. Cette décision s'est traduite par une charge de 19,3 Md$ dans les comptes du quatrième trimestre.
La compagnie basée à Irving, près de Dallas, a confirmé la réduction de ses effectifs de 15 % d'ici fin 2022 par rapport à 2019. Elle a enregistré une charge de 326 M$ à cet effet. Sous la pression d'actionnaires, ExxonMobil va réduire de 15 à 20 % les émissions de ses activités d'exploration et d'exploitation du pétrole d'ici 2025 par rapport à 2016 et créer un pôle d'activités consacré aux énergies moins polluantes, ExxonMobil Low Carbon Solutions. La major compte investir au total 3 Md$ d'ici 2025 dans des solutions énergétiques telle la technologie de capture et de stockage de carbone.
La rédaction