« Monsieur le Président, moi aussi je veux rester à la maison ».

 

« Je veux rester à la maison ». C'est le cri du cœur que lancent sur les réseaux sociaux les ouvriers de la filière agricole argentine. Ils rencontrent des difficultés pour acheminer le soja et maïs et regrettent d'être exposés au risque de contamination avec les navires en provenance de l'étranger.

Le secteur agricole argentin a été déclaré « essentiel » par le gouvernement et échappe ainsi aux règles strictes de confinement très suivies dans tout le pays. Cette décision a suscité un mouvement social chez les ouvriers de la filière, chauffeurs de camions, employés des silos, ouvriers portuaires, contraints de travailler. Ils ont exprimé leur désaccord sur les réseaux sociaux, arborant des pancartes : « Je ne suis pas essentiel », « Je veux rester confiné », « Reste chez toi, moi je ne peux pas », « Ils nous obligent à travailler »...

Pourtant, la récolte de maïs et de soja vient de démarrer et les capacités de stockage du pays ne couvrent que 69 % de sa production, insuffisantes pour absorber ce qui sort actuellement des champs. Il est donc indispensable de pouvoir charger les grains et les expédier rapidement afin de dégager de la place pour terminer la collecte. Tout l'acheminement se fait par camions, le réseau ferroviaire étant quasi inexistant. Et ces camions sont eux-mêmes bloqués actuellement par l'interdiction qui leur est faire de traverser des villes et des villages. Les livraisons au port de Grand Rosario, le premier port du pays pour le maïs et le soja, ont diminué de 60 % au cours des derniers jours.

Quant aux ouvriers portuaires, ils demandent également que les navires en provenance d'autres pays respectent une quarantaine de quinze jours avant qu'ils soient chargés ou déchargés, ceci afin de leur éviter tout contact avec des équipages qu'ils considèrent comme potentiellement contaminés.

Les décideurs du secteur ont adressé un courrier au ministère du Travail et des Transports pour l'alerter sur le risque, dans les prochains jours, d'une « paralysie de la commercialisation des grains, des sous-produits et des biocombustibles ». L'Argentine est le 3e producteur mondial de maïs et de soja, derrière les États-Unis et le Brésil. Ses premiers clients sont le Brésil voisin, le Vietnam, l'Algérie et la Chine.

Myriam Guillemaud-Silenko

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