Maxime Dupuy, D-ICE Engineering : « Avec la simulation, on sait ce que l'on peut attendre du vent »

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Indispensable pour la course au large en voile sportive, le routage météo est beaucoup moins utilisé pour les navires marchands, sauf pour des navigations particulières ou du fret fragile. Il prend désormais un véritable intérêt pour les navires à voile ou  hybrides, en optimisant une route qui leur permet d'économiser un maximum de carburant. Entretien avec le spécialiste du routage de la société nantaise D-ICE Engineering.

Pourquoi les projets de construction de cargos à voile ont-ils fait appel à vos services dès leur conception ?

Maxime Dupuy : La simulation est indispensable pour bien comprendre quel sera le fonctionnement d'un navire à voile. En couplant la modélisation du navire avec celle des données météorologiques, on arrive à déterminer ce que tel navire aurait donné s'il avait été exploité au cours des cinq ou dix années précédentes. Nous avons ainsi analysé les routes maritimes qui seront prises par Canopée et le Neoliner et avons pu en déduire l'utilisation du vent et l'économie de carburant qui en aurait résulté. Cela permet de contrer l'objection souvent faite au transport à la voile, celle de l'incertitude des vents. Il s'agit d'une aide pour les armateurs, qui prévoient ainsi leurs futures routes et savent ce qu'ils peuvent attendre du vent. Les architectes navals et les fournisseurs de propulsion vélique ont aussi besoin de ce type d'outils pour dessiner une carène ou une voilure adaptées aux vents rencontrés. C'est aussi une aide à la décision car avec les grands navires à voile, nous avançons dans l'inconnu. Nos outils permettent de réduire la part d'incertitude.

Une fois les navires en exploitation, proposerez-vous aussi d'assurer leur routage ou de leur apporter des outils pour ce routage ?

M.D. : Pour Canopée, nous avons évalué les économies de carburant pendant la phase de design. Nous leur fournirons aussi le système de routage en phase opérationnelle. Sur un navire à moteur, le routage météo peut induire une économie de carburant de 2 à 5 %. Pour un navire hybride, la marge est beaucoup plus importante, avec une vraie complémentarité entre la propulsion par le vent et le système de routage embarqué. Ce dernier joue à la fois sur la route elle-même et sur la puissance du moteur. Celui-ci, en donnant au voilier sa vitesse, induit le vent apparent qui permet aux voiles de jouer leur rôle et d'apporter de l'énergie supplémentaire au navire. Il peut ainsi être plus intéressant de proposer une route qui mette le navire au près plutôt qu'au portant afin qu'il tire le meilleur profit de son allure.

Quelles différences principales relevez-vous entre les projets Neoline et Canopée ?

M.D. : Canopée et Neoline sont deux rouliers d'une longueur similaire, avec une voilure composée d'ailes rigides pour le premier et de voiles plus classiques pour le second. Les comportements des deux navires ne seront pas les mêmes du fait de contraintes opérationnelles très différentes. Le premier a obtenu un contrat car il charge la même chose avec le même temps de trajet qu'un roulier classique, mais réalise grâce aux voiles des économies de carburant de l'ordre de 20 %. Le second annonce 90 % d'économie de carburant, mais cela suppose que les chargeurs acceptent un temps de trajet plus long puisqu'il ne navigue qu'à 11 nœuds de moyenne. Tous les deux ont recours à l'énergie du vent mais de manière différente. Ainsi, l'économie de carburant attendue par Canopée est plus faible, mais au regard des quantités de fuel en jeu, ça vaut le coup.

Propos recueillis par Étienne Berrier

 

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