Le PDG des chantiers Piriou réagit au choix sri lankais d'Orange Marine

 

L’opérateur de câbliers, filiale du groupe de télécommunications Orange, a confié début décembre la construction du remplaçant du Raymond Droze au duo composé du chantier naval Colombo Dockyard et du norvégien Vard. Le chantier naval breton espérait placer le sien. Vincent Faujour réagit avec adresse...

« La France n’est donc pas rancunière », expédie non sans amertume Vincent Faujour, PDG des chantiers navals Piriou, dans une « lettre ouverte d’un dirigeant d’ETI de l’industrie navale française ». « Au moment même où la société japonaise Bridgestone décide de fermer son usine de Béthune, une participation de l’État décide d’investir 50 M€ dans un chantier naval sri lankais à capitaux japonais ». 

Directeur général du groupe concarnois depuis 2015 et PDG depuis février 2020, Pascal Piriou ayant passé la main, Vincent Faujour réagit à la récente décision d’Orange Marine de confier la construction d’un nouveau câblier au chantier naval Colombo Dockyard (Sri Lanka), assisté pour le design du norvégien Vard. Piriou portait un projet qu’il espérait placer pour remplacer le Raymond Croze d’Orange Marine, dont l’État est l’actionnaire de référence, rappelle-t-il.

Dans cette déclaration, la déception en forme de colère froide perce autant que l’inquiétude à l’heure où, au plus haut niveau de l’État, est portée en étendard tricolore la souveraineté militaire et civile de la France, condition sine qua non de l’indépendance du pays. Au-delà du cas personnel de Piriou, le dirigeant plante les dagues dans le grand corps malade de son industrie qu’est l'Hexagone.

Orange Marine commande un nouveau câblier

Les chantiers français sont-ils incapables de construire ce type de navire ? s'interroge-t-il. « Évidemment non, l’industrie navale française construit et a construit des navires bien plus complexes. » 

Les chantiers français sont-ils capables de construire ce type de navire, en France, au prix du marché mondial ? « Malheureusement non, les coûts de main d’œuvre sont cinq fois plus élevés en Europe de l’Ouest qu’en Asie. » 

« L’industrie française doit-elle renoncer quand la compétition mondiale fait rage et que seul le coût du travail guide les choix de certains investisseurs ? Surtout pas maintenant, au moment où l’État prône à juste titre la résilience, c’est-à-dire la capacité à rebondir alors que la pandémie a révélé nos fragilités et prépare des drames économiques et sociaux. » En l’occurrence, entre Piriou et le chantier srilankais, « le prix à payer de la résilience » serait inférieur à 5 %.

Piriou a dévoilé son nouveau câblier et ses prétentions

Pour rester compétitif, Piriou a ouvert un site au Vietnam en complément de ses sites français, où il a préservé la R&D et l'ingénierie. Il assure pour autant que les effectifs ont doublé dans l’Hexagone depuis 2008.

Un regret supplante la déception. Si Piriou avait été retenu par Orange Marine, la commande aurait représenté plus de 100 000 heures de travail et des achats de prestations auprès de son réseau de sous-traitants, constituant près de 25 % de la valeur du contrat, assure-t-il. 

« Le président de Piriou que je suis est évidemment déçu, mais ce n’est pas grave. En revanche le citoyen et contribuable que je suis également est très inquiet par l’absence de vision, à moyen et à long terme, que révèlent de telles décisions », conclue-t-il. Avec sans doute l’espoir qu’un jour soit intégrée dans les critères d’évaluation des appels d’offres et l’utilisation des fonds publics la notion de valeur ajoutée française et/ou européenne. Pour Vincent Faujour, c’est même la clef essentielle à la résilience de l’industrie. 

A.D.

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