Ce n’est pas tout à fait une première pour le dernier-né de la flotte de Ponant. Le navire de croisière d’exploration avait été souté en GNL une première fois par Gasum en Norvège. Le groupe nordique a en revanche étrenné le marché français. Il avait obtenu en février dernier l’autorisation de fournir du gaz naturel en France, ouvrant ainsi la voie à la distribution de GNL marin à ses clients dans les ports de l’Hexagone.
Yacht, brise-glace et navire d’exploration à la fois, prototype d’un navire d’avant-garde et sophistiqué par sa technicité et un cahier des charges exigeant, le Commandant Charcot est un objet à part de 150 m de long, ayant nécessité six ans de développement mené en collaboration avec Stirling Design International, Aker Arctic et Vard.
Plus grande autonomie
De classe polaire PC2, équipé de deux cuves à membranes Mark III de GTT d’une capacité totale de 4 500 m3 et d’une motorisation hybride électrique, il consommera exclusivement du GNL et éprouve la plus grande autonomie possible à ce jour (jusqu’à deux mois). « Il a été éco-conçu avec les toutes dernières technologies vertes jusqu’au traitement total des déchets triés à bord et des eaux usées », souligne la compagnie. Parce qu’elle opère dans des endroits peu défrichés, la société marseillaise, créée par d’anciens officiers de la Marine marchande que Artémis, la holding de la famille Pinault, avait acquise en 2015, s’est toujours distinguée par son attitude volontariste et responsable pour limiter au maximum l’impact environnemental de son activité.
Ponant est membre de l’Association internationale des tours opérateurs en Antarctique (IAATO) et de l’Association des opérateurs en croisière expédition en Arctique (AECO). Tous ses navires sont « clean ship » (recyclage, traitement des déchets et des eaux usées, réduction d’émissions de gaz, politique d’achats durables, éclairage LED, etc.) et depuis janvier 2019, un an donc avant la mise en œuvre de la réglementation OMI sur la teneur en soufre des carburants marins, 100 % de sa flotte « carburaient » au LS MGO (Low Sulphur Marine Gaz Oil), un combustible à 0,1 % maximum de soufre.
Plateforme technique et scientifique aussi
Le 13e navire de la flotte, et dernier commandé, pourra accueillir jusqu’à 245 passagers (123 cabines) pour aller là, conformément à sa philosophie, là où les autres ne vont pas, en l’occurrence : le pôle Nord géographique, le parc national du Nord-Est du Groenland, la circumnavigation du Svalbard, la mer de Bellingshausen, les îles Charcot et Pierre 1er, la mer de Weddell ou encore les plateformes de glaces de Larsen. Mais il sera en outre équipé d’infrastructures mis à la disposition des milieux scientifiques et académiques comme plateforme d’observation sur les ressources naturelles, l’écosystème et la biodiversité de ces régions polaires extrêmes.
Le navire a atteint pour la première fois le pôle Nord géographique le 6 septembre, en utilisant du gaz naturel liquéfié tout le long de son voyage, signale Hervé Gastinel, arrivé à la tête de la compagnie début mars. Il devrait entrer en service à la fin du mois d'octobre, et naviguer de Puerto Mott, au Chili, jusqu'en Antarctique.
Sous pavillon français
La construction du navire avait démarré en 2018 sur le chantier de Vard (groupe Fincantieri) à Tulcea en Roumanie pour la coque et les superstructures. Il avait reçu en 2020 ses pods à Nantes-Saint-Nazaire avant de regagner Søviknes, le site norvégien de Vard, pour les travaux techniques et l'armement.
Le Commandant Charcot, comme l’ensemble de la flotte, navigue sous le pavillon français. Parmi les treize navires figurent les Bougainville, le Laperouse, le Champlain, le Dumont d’Urville, le Bellot et Jacques Cartier, de la classe Explorer, des de yachts d’expédition de 131 m de long pour 18 m de large avec 92 cabines dotées de balcons. Le dernier de cette classe avait été livré en mars 2020. Ponant aura réceptionné dix nouveaux navires depuis 2013.
Adeline Descamps