L’escale du porte-conteneurs de l’armateur français a lancé ces derniers jours les opérations au terminal à conteneurs de Gemalink, une des huit infrastructures qui colonisent les quais du port de Cai Mep au Vietnam.
C’est le CMA CGM Mexique, porte-conteneurs de 15 052 EVP qui aura eu la préséance d’inaugurer le terminal à conteneurs de Gemalink, l’infrastructure la plus au sud et une des nombreuses qui perlent les bords à quai de Cai Mep, ce « nouveau » port planté à 50 km d’Ho Chi Minh Ville. Celle qui aura mis le plus de temps à sourdre de terre.
Le port excentré de Cai Mep avait été pensé à l’aube des années 2010 pour désengorger le port historique de Cat Lai (en cœur de ville) et remplacer les terminaux sous-performants des estuaires de Soai Rap et de Saigon Rivière. Et il avait tout pour offrir une escale confortable aux porte-conteneurs de dernière génération des grandes lignes océaniques que ne permettait pas le port historique. Avec ses infrastructures en eaux profondes et une capacité projetée de 9 MEVP, il faisait honneur à la croissance du trafic maritime du Vietnam qui avoisinait alors les 10 à 12 % par an, les exportations et importations du pays étant tirées vers le haut par l’adhésion du pays à l’Organisation mondiale du commerce
Cai Mep devait surtout permettre au Vietnam de s’affranchir d’une dépendance vis-à-vis des ports étrangers : Bangkok, Hong Kong ou Singapour. Les opérations portuaires avaient été ouvertes aux entreprises à capitaux étrangers en 2014, conformément aux engagements pris par le pays lors de son adhésion à l’OMC. Le ministère vietnamien du Plan et de l’Investissement voulait ainsi attirer les investissements étrangers. Et ils ont été au rendez-vous.
Un nouveau terminal à conteneurs à Cai Mep prêt à être lancé
Floraison de terminaux
Dans la décennie 2010, une petite dizaine de terminaux en eaux profondes y ont émergé avec, pour actionnaires, les représentants des principaux manutentionnaires internationaux, le hongkongais Hutchison (HPH) mais aussi le singapourien PSA ou APM Terminal/Maersk. Terminal Link Caimep Terminal JSC (Gemalink) était, à l’origine, le projet porté par CMA CGM et le vietnamien Gemadept, associés au sein d’une entreprise commune GIP (25/75 % respectivement).
Alors que les terrains avaient été préparés pour accueillir le chantier, la crise économique mondiale de 2009 et la détérioration de la conjoncture économique qui s’en est suivie ont douché l’enthousiasme des porteurs du projet, qui ont fini par le mettre en sommeil. La surenchère de terminaux a opéré comme une lame de fond. La seule croissance des échanges commerciaux, si réelle soit-elle, ne pouvait pas contenter huit terminaux de dimension internationale. La réticence des chargeurs à utiliser une plateforme excentrée avait en outre été mal anticipée.
Reprise du chantier une décennie plus tard
Il aura donc fallu une décennie – en 2019 – pour que les actionnaires de GIP reprennent les choses là où elles en étaient restées : le chantier ! Et en 2020, l’avancée des travaux est devenue tangible avec la livraison en trois fois de six portiques de 65 m de portée, fabriquées au Vietnam par Doosan Heavy Industry, dimensionnées pour des mégamax. Le GIP a commencé ses opérations avec un quai de 800 m et une capacité de 1,5 MEVP. En 2021, le linéaire doit être porté à 1 120 m et la capacité portée à 2,1 MEVP grâce un jeu de deux nouvelles grues.
Le CMA CGM Mexique est exploité sur le service PSW3/AWE3 de Ocean Alliance. Il est désormais probable que le nouveau terminal, dans lequel est impliqué indirectement CMA CGM, soit plus largement servi par les escales de l’armateur français. Ce qui présage de changements à venir dans les touchés.
CMA CGM : La liste des 10 terminaux cédés
Dans le cadre de sa cession d’actifs portuaires (pour financer l'acquisition de la société logistique suisse Ceva et rééchelonner la dette), CMA CGM a cédé les 25 % qu’il détient dans GIP à Terminal Link, société dont est actionnaire l’armateur français à hauteur de 49 % aux côtés de China Merchants.
Le Vietnam est sorti grand gagnant des tensions entre la Chine et les États-Unis. En 2019, le pays avait enregistré une hausse de 30,7 % de ses exportations totales vers les États-Unis, à 564 420 EVP. En 2019, les manutentions portuaires du Vietnam –région de Ho Chi Min et Cai-Mep – ont augmenté de plus de 15 %, à 10,1 MEVP, selon Dynamar. Cai Mep avait alors enregistré une croissance de 27 % pour un volume de 3,7 MEVP.
Adeline Descamps