« Nous prévoyons de commander dans trois ans nos premiers navires neutres en carbone », assure Søren Skou, PDG de Maersk, alors qu’il intervenait dans une vidéo dans laquelle s’expriment des personnalités sur l’avenir nécessairement vert du transport maritime. Le dirigeant n’en est pas à sa première déclaration qui engage.
Dans le dernier épisode d’une série intitulée « Outrage + Optimisme », dans laquelle s’expriment des personnalités sur l’avenir en vert du secteur maritime – l’eurodéputée européenne et fervente adepte de la taxation carbone Jutta Paulus, le représentant développement durable de Stena Line ou encore Jacques Vandermeiren, le directeur général du port d’Anvers…–, le PDG A.P. Møller-Maersk indique qu’il envisage de commander ses premiers navires neutres en carbone dans trois ans et qu’il compte les exploiter dans une zone géographique définie.
Le leader mondial du transport maritime de conteneurs a pris l’ascendant en matière de transition énergétique du transport maritime. Dès 2018, il s’est mis en ordre de marche pour faire entrer dans sa flotte des « navires neutres en carbone » d’ici 2030. Il a toujours soutenu que cette date était la ligne de crête. Sans cela, le secteur ne pourrait pas honorer les objectifs de l’OMI sur les émissions carbone (diviser par deux par rapport au niveau de 2008, les émissions totales de GES du secteur d’ici 2050).
Getting to Zero Coalition : Un nouvel appel en faveur d'un transport maritime neutre en carbone
Méthanol, biogaz, ammoniac, le tiercé gagnant de Maersk
Il a ensuite initié plusieurs actions visant à enrôler les parties prenantes de la chaîne de valeur dans des coopérations industrielles (Coalition Getting to zero). Le danois indique dans cette vidéo que ces trois navires serviront à nourrir la « littérature » et acquérir de l’expérience « sur ce qui fonctionne sur le plan opérationnel et de la sécurité de façon à être prêts à commander de grands navires vers la fin de cette décennie ».
Hermétique pour l’heure au GNL, le dirigeant semble davantage porter ses intérêts, en termes d’alternatives aux énergies fossiles, sur le méthanol, le biogaz et l'ammoniac. Des carburants d’avenir qu’il a identifiés dès octobre 2019 et dont il sait qu’ils posent des problématiques de sécurité à bord et de toxicité. « Mais nous pensons que nous pouvons résoudre ces problèmes en deux ou trois ans. Ce sera toujours un moteur à combustion tel que nous le connaissons aujourd'hui, ce qui est une bonne chose car cela signifie qu'il y a une chance que nous puissions même moderniser les navires existants ».
AP Møller-Maersk lance un centre de transport maritime zéro carbone
Agenda serré
En juillet dernier, au-delà de son seul secteur, Maersk a signé pour être l'un des neuf signataires fondateurs de l'initiative « Transform to Net Zero », qui vise par des moyens analogues à ceux de la Coalition getting to zero à déployer les recherches et fixer des jalons pour parvenir à des émissions nulles en carbone, tous secteurs et activités industrielles confondues.
Ces initiatives interviennent dans un contexte où l’exécutif européen, conduit par Ursula van den Leyen, a tracé la voie des quatre prochaines années. Selon la feuille de route fixée par Bruxelles, des navires à zéro émission seront prêts à être commercialisés à horizon 2030. Les ports seraient alors dotés des infrastructures nécessaires pour fournir les nouveaux carburant. Et surtout, une taxe carbone aura été instaurée…
Adeline Descamps