Accord ou pas, le Royaume-Uni et l’Union européenne vont basculer le 1er janvier dans un autre monde, consacrant le retour d’une frontière dans les murs du continent européen. À cette date, le Royaume Uni, devenu pays tiers, sera assimilé à du grand export.
À quelques heures du retour d’une frontière au sein de l’UE, de ses droits de douane et de ses contrôles, les exportateurs de part et d’autre de la Manche sont fébriles à l’idée d’un éventuel « chaos douanier ». Les premiers jours de janvier devraient être cependant calmes, les Britanniques constituant des stocks de marchandises en perspective du Brexit.
Pour preuve, l’engorgement des axes qui desservent les terminaux accueillant les ferries à Calais et Eurotunnel à Coquelles. Selon la préfecture du Nord, plus de 8 000 camions franchissent aujourd'hui la Manche chaque jour dans chaque sens, contre 6 000 en moyenne habituellement. Ce qu’atteste l’opérateur de ferry DFDS par la voix du vice-président de sa communication Gert Jakobsen : « Les clients sont en train de constituer des stocks pour alléger la pression après le Nouvel An. Nous pouvons le constater sur l'évolution des volumes de fret à l'automne ».
Du côté des douanes françaises, on exclut le chaos. Les systèmes sont testés et éprouvés, ont répété les intervenants au webinaire organisé le 8 décembre par Norlink, association qui promeut les infrastructures portuaires et ferroviaires des Hauts-de-France. Lorsque le navire approchera les côtes françaises, les autorités douanières françaises disposeront de toutes les informations sur les camions à bord qui seront alors notifiés s’ils doivent subir une inspection supplémentaire de façon à fluidifier les trafics, a-t-il été indiqué.
Courbe d’apprentissage
Les exportateurs britanniques semblent moins appareillés. Les autorités britanniques ne testeront pas le nouveau système « Goods Vehicle Movement Service » avant le 14 décembre. Le nouveau système de déclaration en douane (CDS), censé remplacer l’historique Chief, doit encore être rodé. Les associations de transport britanniques sont très inquiètes, évoquant une situation « entre le choc et la catastrophe ».
Le mot d’ordre pour éviter les goulets d'étranglement et les files d'attente dans les terminaux portuaires après le 1er janvier 2021 ? L’anticipation. « Cela dépendra en grande partie du degré de préparation des importateurs et des exportateurs ». Mais pas de panique, « il y aura une courbe d'apprentissage très rapide », rassure Paul François Schira, sous-préfet en charge du Brexit.
A.D.