Rupture d'avitaillement pour les pétroliers russes en Méditerranée

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Les fournisseurs de carburants ont cessé de servir les navires battant pavillon russe dans les principaux hubs européens, notamment en Espagne et à Malte, indique Reuters. La perte d'accès aux hubs de soutage en Méditerranée pose des problèmes logistiques aux pétroliers russes transitant des ports de la Baltique vers l'Asie.
Bien que l'Europe n'ait pas effectivement interdit l'entrée des navires battant pavillon russe, certaines autorités portuaires locales semblent sceptiques à l'idée de les laisser s'avitailler. D’après Reuters, citant une source industrielle, les navires battant pavillon russe n'ont pas pu obtenir de carburant marin à Malte, dans le territoire britannique d'outre-mer de Gibraltar ou dans la ville voisine d'Algésiras, en Espagne, principales zones de soutage ou de ravitaillement en Méditerranée. 

Malte confirme que le pays n'autorisait aucun navire battant pavillon russe à venir dans ses ports. Un porte-parole du gouvernement de Gibraltar a également indiqué que les autorités portuaires « rejetteraient les demandes d'escale de tous les navires appartenant ou exploités par toute personne liée au pays, même pas pour le soutage, conformément aux règles britanniques. » Comme en Grande-Bretagne, les navires étrangers transportant des marchandises d’origine russe ne seraient pas affectés. 

La perte d'accès aux points de ravitaillement en Méditerranée pose des problèmes logistiques pour les pétroliers russes allant des ports de la Baltique vers l'Asie et crée également des problèmes de sécurité en raison du risque d'être bloqués en mer avec des cargaisons inflammables, indiquent les sources de l’agence de presse.

Problématique de paiement

Les rejets par les autorités portuaires et l’auto-censure (les entreprises anticipent la prochaine vague de mesures en refusant de conclure des contrats avec des entités russes), ne sont pas les seuls facteurs en cause dans cette rupture de l’avitaillement. Les défauts de paiement dus aux restrictions bancaires (avec l’accès au système de paiement international Swift proscrit) ont également compliqué les transactions de carburant marin, dont le prix et le paiement sont généralement libellés en dollars américains. 

Le fournisseur danois de combustibles marins et armateur Monjasa a déclaré qu'il avait suspendu, dès le 15 février « le commerce et les fournitures avec les navires battant pavillon russe, les sociétés enregistrées en Russie et les sociétés et individus ayant des liens ou une affiliation avec la propriété russe ». 

Bunker Holding a également déclaré avoir cessé toute livraison dans les ports russes depuis le début du mois de mars, ajoutant que le groupe et ses filiales, y compris Dan-Bunkering, avaient « cessé de contracter de nouvelles obligations avec des contreparties russes ». Le fournisseur de soute de Gibraltar, Peninsula, qui est actif ailleurs en Méditerranée, a indiqué sur les réseaux sociaux une position similaire.

Pénurie de carburants en mer Noire

Dans le même temps, alors que les prix des combustibles de soute atteignent des sommets et que la volatilité augmente sur les marchés pétroliers mondiaux à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la région de la mer Noire connaît une pénurie importante de carburants marins.  

Le financement est là encore un problème auquel sont confrontés les marchés russes des soutes. Les acheteurs et les fournisseurs sont devenus prudents suite aux sanctions financières accrues contre la Russie, et il est devenu de plus en plus difficile d'obtenir des crédits pour acheter des cargaisons d'origine russe. La transparence des transactions étant plus cruciale que jamais dans le traitement du crédit dans le contexte des sanctions contre le secteur financier russe, les banques évitent d'ouvrir des lettres de crédit avec toute personne liée à la Russie ou à des entités russes. 

Avitaillement en Bulgarie et en Roumanie

Dans ces conditions, les navires évitent les opérations de soutage dans les ports russes de la mer Noire, et se déroutent plutôt vers les ports voisins. Or en Bulgarie, le fournisseur historique de soutes est Lukoil. En Roumanie, là encore, les principaux fournisseurs roumains sont les sociétés russes Gazprom et Lukoil. 

Certains armateurs ont fait le choix de se ravitailler à Istanbul, mais le manque de produits a fait grimper les prix de manière substantielle. Avec des différences de prix de 200 à 300 $ par tonne entre les ports, le soutage dans les ports russes est compétitif mais risqué.

Adeline Descamps

 

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