Pour se protéger contre les nouveaux variants du coronavirus, qui ont émergé fin décembre au Royaume-Uni et en Afrique du Sud et qui seraient bien plus transmissibles, les Philippines ont décidé de limiter les changements d'équipage.
La transmissibilité de deux nouveaux mutants du Sars-CoV-2 inquiètent les autorités philippines. Le grand pays pourvoyeur de marins n’a pas tardé à prendre des mesures pour faire barrière à deux variants apparaissant bien plus contagieux puisque le variant B.1.1.7, identifié dans le sud-est de l'Angleterre en septembre s'est rapidement étendu dans tout le Royaume-Uni et a désormais été détecté dans des dizaines de pays, dont les États-Unis et la Corée du Sud mais aussi l'Inde, la France ou le Danemark. L’autre est désormais majoritaire en Afrique du Sud et déjà été repéré dans quelques autres pays du monde, notamment le Royaume-Uni et la France. Selon les calculs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), le variant britannique serait 50 à 74 % plus contagieux.
Manille vient d’annoncer la suspension des changements d'équipage pendant deux semaines au moins, soit jusqu’au 15 janvier, pour les ressortissants étrangers de certains pays, tout en renforçant les restrictions pour les Philippins et les voyageurs en provenance des États-Unis. L'autorité portuaire a publié à cet effet ses nouvelles directives à l’égard de 21 pays, dont l'Australie, le Canada, les États-Unis, la plupart des pays d'Europe, l'Afrique du Sud et certaines parties de l'Asie, notamment la Corée du Sud et Singapour.
Relève d’équipage : enfin une résolution de l’ONU
Quarantaines et restrictions
Les marins étrangers, qui ont ainsi séjourné dans l'un des pays énumérés dans les 14 jours précédant leur arrivée aux Philippines, sont interdits d'entrée dans le pays. Les marins étrangers arrivant via les États-Unis ne sont toujours autorisés à entrer dans le pays qu'à Manille et doivent se soumettre à une quarantaine de 14 jours dans l'une des installations désignées par les autorités. Les Philippines disposent déjà d’hôtels de quarantaine et de centres de changement d'équipage dans ses principaux ports, Manille, Cebu et Subic certes, mais aussi à Orion, à Bataan, à Batangas Port et à Sasa Wharf… Cette quarantaine est obligatoire, même si le résultat d'un test PCR est négatif.
Les marins philippins qui rentrent dans le pays sont soumis à des restrictions similaires s'ils ont séjourné dans l'un des pays figurant sur la liste au cours des 14 derniers jours. Ils ne peuvent eux aussi que retourner à Manille et devront également se soumettre à une quarantaine de 14 jours dans une installation désignée, y compris avec résultat négatif à un test PCR.
Résolution de l’ONU
Singapour avait également annoncé il y a quelques jours un durcissement de ses protocoles après qu’un inspecteur d’une société de classification et un pilote portuaire ont été testés positifs.
En fin d’année, tant attendue, une résolution de l'ONU a octroyé aux marins le statut de « travailleurs clés », et sommé les États-membres de tout mettre en œuvre pour faciliter le changement d'équipage. Par ce texte, les Nations unies reconnaissent enfin la nécessité d’agir pour soulager quelque 400 000 marins. Bloqués à bord des navires, officiant au-delà du temps légal de travail selon les termes de la convention du travail maritime, ils sont depuis les débuts de la pandémie entravés dans leur mobilité par les restrictions de déplacements édictées par les États pour se prémunir contre la contagion. Les nouveaux variants ne vont pas arranger les choses.
A.D.