Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering, Hyundai Heavy Industries et Samsung Heavy Industries réserveront jusqu'en 2027 une part importante de leur capacité de construction de méthaniers à Qatar Petroleum. La major pétrolière s’est engagée pour 100 méthaniers. Une commande de 19,2 Md$.
L’annonce de la commande arrive à un moment où l'industrie du pétrole et du gaz souffre de l'effondrement des cours mondiaux et de la faiblesse de la demande liée à l'impact mondial du coronavirus. Mais le monde économique sud-coréen en rêvait depuis des mois. C’est désormais une réalité. Qatar Petroleum a acté le 1er juin, lors d’une visioconférence à laquelle assistait le ministre Coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie, un accord avec Hyundai Heavy Industries, DSME et Samsung Heavy Industries pour leur réserver la majeure partie de leur capacité de construction de méthaniers jusqu’en 2027. « Soit environ 60 % de la capacité mondiale de construction de ce type de navires », a précisé Saad Sherida Al-Kaabi.
« La signature de ces accords avec ces trois constructeurs sud-coréens à la réputation notoire reflète notre engagement à poursuivre nos projets d'exploration et de développement de nouveaux champs de gaz même en ces temps exceptionnels », a déclaré le ministre Al-Kaabi lors de la cérémonie de signature. Le PDG de Qatar Petroleum et ministre de l’Énergie du Qatar entend ainsi répondre aux besoins en transport que va générer l’accroissement de sa production de gaz, qui sera portée à 126 Mt par an d’ici 2027 contre 77 Mt. Le Qatar est notamment engagé dans le projet North Fiel, un grand champ gazier offshore qu'il partage avec l'Iran, lancé en 2017 après un moratoire de douze ans. Selon les sources officielles, le pays du golfe Persique produit 623 million de m3/jour (22 bcf/jour) de gaz naturel.
En 2019, 354,7 Mt de GNL ont été importés
L’offre de GNL en surcapacité
De ce point de vue, le géant pétrolier qatari manifeste sa confiance dans les perspectives de ce marché naissant et dans une énergie qui peine encore à convaincre et s’avère actuellement en surcapacité. Tant et si bien que certains projets sont mis en sommeil ou abandonnés. La major saoudienne Aramco, qui entendait se positionner sur le marché du transport maritime de GNL, y aurait renoncé, ont fait valoir plusieurs analystes.
Aussi vigoureux soient-ils, les flux mondiaux de GNL ont connu un changement de trajectoire en 2019. La demande des pays d’Asie du Nord-Est s'est enrayée en raison du ralentissement économique, des aléas climatiques, mais aussi de la concurrence des centrales nucléaires et du charbon. L’Asie reste néanmoins la première région importatrice avec 69 % des achats mondiaux de GNL (contre 76 % en 2018). Au cours des trois dernières années, l'industrie a ajouté plus de 80 millions de tonnes par an (Mtpa) de nouvelles capacités et 71 Mtpa ont fait l’objet de décisions d’investissements dans le monde, selon les données du GIIGNL, Groupement international des importateurs de GNL.
19,2 Md$ et 100 méthaniers
La commande découlant de cette réservation sera la plus importante de l’histoire du GNL avec un montant estimé à 19,2 Md$ et portera sur plus de 100 navires. Le nombre exact et leurs caractéristiques n’ont pour l’heure pas été dévoilés ni la ventilation entre les trois chantiers. Saad Sherida Al-Kaabi a simplement déclaré que « ces navires seront équipés de moteurs dual fuel de dernière génération ».
Les cours des trois constructeurs coréens ont bondi d’environ 15 % à la bourse de Séoul. Cependant, les analystes soulignent que cette commande n’aura que peu d’impact à court terme sur leurs revenus, leur situation financière et l’emploi en raison de son étalement dans le temps.
Thierry Joly