L'ouverture de la Chine va tendre l'offre de charbon au détriment de l'Europe

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La levée partielle des restrictions en Chine ne sera pas sans effets pour les marchés mondiaux du charbon. Le premier consommateur mondial du fossile, qui avait sévèrement réduit ses achats énergétiques, est de retour aux affaires au moment même où les importations européennes atteignent des niveaux records pour compenser le gaz. Un match inégal du point de vue logistique.

Les importations de charbon thermique par la Chine ont augmenté en novembre par rapport au mois précédent, les entreprises de services publics ayant reconstitué leurs stocks en prévision de la saison hivernale. 

Le premier consommateur de charbon au monde a importé 32,31 Mt de charbon en novembre, contre 29,18 millions en octobre, selon les données de l'Administration générale des douanes publiées le 7 décembre. Afin d’assurer un approvisionnement stable en chauffage et en électricité en hiver, le gouvernement chinois a notamment exhorté les centrales électriques au charbon à constituer des stocks. 

La Chine au ralenti

Depuis le début de l’année, 262,41 Mt ont été achetés par la Chine, où le fossile carbone entre en concurrence avec le gaz pour produire de l’électricité. Le pays étant sensible au facteur prix, le charbon a largement remplacé le gaz, devenu trop cher, dans ses approvisionnements énergétiques. Ses volumes sont néanmoins en baisse de 10 % par rapport à la période 2021, toujours selon les douanes chinoises.

En raison des restrictions strictes imposées par sa politique sanitaire zéro-covid, le pays a fortement réduit ses achats énergétiques, a fortiori de l’étranger, tout en incitant la production locale. L’industrie chinoise a tourné à bas régime pendant une grande partie de l'année 2022 pour s’ajuster à la disponibilité réduite de la main-d'œuvre et à la baisse de la consommation des entreprises et des particuliers, privés de services et de loisirs.

Les prix du charbon également touchés par l’inflation, les services publics chinois se sont surtout fournis plus massivement sur le marché indonésien, premier exportateur mondial du fossile, de moindre qualité certes mais bon marché (137 $ la tonne sur une base de livraison).

Une offre qui va se tendre

Les ennuis chinois ont fait les affaires des importateurs européens. Libérant des volumes à l’international, ils ont ainsi pu obtenir facilement des volumes plus importants au moment où le Vieux Continent est contraint de renouer avec cette énergie du passé qu’elle tente d’oublier depuis des décennies. Mais privés de gaz russe, les pays européens ont réactivé leur sourcing de charbon en s’achalandant loin, en Amérique du Sud, Afrique du Sud et d'Asie. Les importations européennes de charbon thermique jusqu'en novembre ont bondi de 36,2 % par rapport à la même période en 2021 pour atteindre environ 83 Mt, selon les données de suivi des navires de Kpler. Avec 22 Mt supplémentaires reçus, l’Europe surplombe toutes les autres régions.

Mais la donne pourrait changer, Pékin ayant manifesté très récemment une volonté d’ouverture du pays en desserrant l’étau sur les restrictions sanitaires qui ont coûté cher à la croissance de la seconde puissance économique mondiale ces derniers mois. 

L’offre de charbon pourrait donc à nouveau se tendre et les prix partir en flèche dans un contexte de tensions généralisées sur les énergies, les producteurs d'électricité européens étant déjà aux prises avec une offre réduite de gaz naturel.

Un match Europe/Russie inégal 

Si l'activité industrielle repart en Chine, la consommation va irrémédiablement augmenter, en particulier dans les centres manufacturiers côtiers, qui sont parfaitement intégrés aux grandes routes d'exportation du charbon, les ports étant dimensionnés pour traiter de grands volumes et les plus grands vraquiers à l’image des capesize (200 000 tpl), qui servent majoritairement au transport de minerai de fer.

Dans cette course au charbon, l’Europe pourra difficilement rivaliser. Ces dernières décennies, elle a fait d’autres choix énergétiques si bien que les ports européens ont progressivement réduit leurs infrastructures d'importation de charbon et ne peuvent accueillir que des navires plus petits (moins de 50 000 tpl).

En effet cascade, le différentiel de capacités logistiques pourrait inciter les sociétés de négoce à donner la priorité aux commandes des grands clients chinois. Là encore, l’Europe, dont le tissu fragmenté est composé de petits importateurs, aux achats sporadiques, sera nettement désavantagé. Les acheteurs européens pourraient avoir à payer des surprimes pour garantir leurs livraisons lors des pics de la demande dans les prochains mois.

Menace des aléas climatiques

Cette période est en outre traditionnellement sous tension car elle est à la merci d’un approvisionnement irrégulier compte tenu des événements météorologiques extrêmes qui parcourent à cette époque de l’année, et jusqu’à la fin janvier, les principaux pays producteurs comme l’Indonésie, dont les capacités logistiques, de chargement et d’exportation depuis les principaux ports de Kalimantan sont mises à l’épreuve.

Le marché a parfaitement intégré ces menaces puisque les prix à terme du charbon thermique chinois pour livraison en janvier n’ont jamais été aussi élevés depuis un an.

A.D. (avec les données de Reuters)

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