L’ancien président du Comité marseillais des armateurs français (CMAF), l’une des 13 associations professionnelles fédérées par l’UMF, a démarré son mandat dans un contexte beaucoup plus favorable que son prédécesseur, Jean-Claude Sarremejeanne, qui vient d’être élu à la tête de l’Union Maritime et Portuaire de France et aura vécu deux années qu’il qualifie lui-même de « complexes ». La reprise économique est plus forte et rapide que prévu. La demande est inédite. Les taux de fret sont à des niveaux historiquement élevés, les plus grands ports français ont présenté à l’issue du premier semestre des trafics qui étaient ceux de 2019...
Alain Mistre, directeur d'exploitation portuaire et directeur QHSSE de Corsica Linea, n’entend pas pour autant surfer sur la vague de l’embellie et s'est fixé des objectifs de « développement du business » et en axant ses priorités sur le fret ferroviaire d'une part, la formation et l'emploi aux métiers du maritime, d'autre part, et enfin le vaste sujet de la transition énergétique.
Marseille-Fos : un différentiel de développement entre l’est et l’ouest ?
Un Haropa du sud ?
Quelques jours à peine après la visite du président de la République, Emmanuel Macron, dans la Cité phocéenne, qui a fait part d’un certain nombre d’annonces, il a insisté devant la communauté portuaire sur le fait « que le fret ferroviaire devait être prioritaire pour le développement de Marseille et de Fos », le grand levier de la desserte de l'hinterland marseillais. A cet égard, il défend à son tour, comme l’UMF l’a toujours fait, quelques grands chantiers nécessaires, tels que le contournement ferré de l'agglomération lyonnaise et la liaison transalpine Lyon-Turin. Et plaide pour la transformation du Grand Port maritime de Marseille Fos en un port fluvio-maritime agrégeant Lyon et Marseille, à l’instar du chef de l’Etat. Sur le modèle d'Haropa, l'établissement, dont la mission serait de devenir la tête de pont de l'axe Rhône-Saône, pourrait porter le nom de « Mafoly », plaisantent certains portuaires locaux.
A son agenda des prochains jours, il devrait rencontrer Cécile Avezard, la présidente de Medlink Ports, l’association qui regroupe les acteurs du transport maritime et fluvial du sud-est de la France. La directrice territoriale de VNF Rhône-Saône a remis fin juillet au ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, un rapport sur le report modal sur l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, dont le trafic décline depuis 2014.
Le port de Marseille va généraliser l'embranchement à quai d'ici 2025
Avenir de la zone Fos
Le nouveau président de l'UMF s'est réjoui de la prochaine arrivée à Marseille de « nouveaux trafics de véhicules d'occasion », des flux qui transitaient auparavant par Sète et Toulon.
Enfin l’officier de la marine marchande, sensibilisé à l’impact environnemental par sa fonction, a rencontré des responsables du port de Fos à propos du projet d'installation de quais électrifiés dans les bassins Ouest. Quatre bornes de connexion électrique des navires à quai (Cenaq) sont opérationnelles dans les bassins Est. Deux autres postes dédiés à la croisière doivent l’être dès 2025.
Autre dossier sur lequel Alain Mistre va devoir travailler, l'avenir de la zone de Fos dans un horizon de vingt ans, qui fait l’objet d’une étude.
« Des scénarios émanant des acteurs de la place devront être présentés au GPMM », a-t-il indiqué. Cette étude fait suite à celle conduite ces derniers mois sur le roulier dans les bassins est.
Vincent Calabrèse