Le port de Sète a franchi le cap des 5 Mt en 2022

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Le trafic de clinker, opéré par Cem’In’Log, n’a pas déçu en 2022 sur le port de Sète. Une nouvelle fois. Tout comme le trafic roulier en provenance de Turquie assuré par DFDS. En revanche, le trafic de véhicules neufs recule, sanctionné par les arrêts de production. Le port, propriété de la région Occitanie, mise sur le ferroviaire pour accélérer sur l’intermodalité.

Le port occitan a traité 5,3 Mt en 2022 contre 4,8 Mt en 2021, a indiqué son directeur général, Olivier Carmès, à l’occasion de la cérémonie de vœux à la communauté portuaire le 12 janvier. Si le nombre d’escales maritimes (1 050) enregistre « un record », avec une hausse de 6 % par rapport à 2021, les escales fluviales (100) sont, elles, en baisse. 

Le clinker, dont l’importation depuis la Turquie a démarré en juin 2019, reste une valeur sure pour le port de Sète. Le trafic opéré par Cem’In’Log est ainsi passé de 190 000 à 280 000 t entre 2019 en 2022, avec un objectif à terme de 370 000 t. Ce trafic est un exemple d’intermodalité : livraison de vrac en conteneurs par voie ferroviaire à l’usine de broyage de clinker de Tonneins, dans le Lot-et-Garonne (4 trains par semaine), et approvisionnement par voie fluviale (canal de Rhône à Sète puis Rhône) de l’unité de broyage de clinker à Portes-lès-Valence (Drôme).

Après avoir frôlé la fermeture il y a 3 ans, l’usine Saipol (importation de graines, trituration et export de tourteaux, huiles et biocarburants, groupe Avril) repart de l’avant. Elle confirme son implantation à long terme à Sète, avec une première phase d’investissement de 28 M€ et des projets de développement à partir de 2024-2025. Ce site pèse à lui seul 20 % du trafic du port, soit 1 Mt par an, et emploie 110 salariés.

Autre trafic en progrès, l’activité bétail, avec 115 000 bêtes exportées contre 75 000 un an auparavant.

Une sixième escale pour DFDS

Le trafic roulier, en provenance de Turquie avec l’armateur danois DFDS, poursuit sa croissance avec ses quatre escales hebdomadaires depuis mars 2022 et la cinquième mise en service en octobre dernier. Le trafic s’est établi à 110 000 unités remorques-conteneurs l’an dernier, après 65 000 en 2020 et 83 000 en 2021.

« Un sixième service est programmé pour le deuxième trimestre 2023, glisse Olivier Carmès. Ce développement est lié avec le développement du fret ferroviaire et la livraison, fin 2021, de la nouvelle plateforme portée par le port, la Région Occitanie et l’opérateur VIIA, pour un investissement total de 15 M€. Cette nouvelle installation a doublé la capacité en termes de stockage. » L’infrastructure permet de notamment charger en horizontal l’ensemble de la flotte de remorques, avec la technologie Modalohr.

Pétrole et véhicules neufs en retrait

Les importations de produits pétroliers ont chuté de 20 % par rapport à 2019. Un faible niveau qui s’explique par de lourds travaux de maintenance réalisés par BP sur son site, limitant depuis trois ans ses capacités de stockage. Un retour à la normale est espéré à partir de 2024.

Le trafic de véhicules neufs, en provenance de Turquie, reculent également, de l’ordre de 15 %, du fait de la fermeture de sites de production suite à la pénurie de composants électroniques. Le port de Sète enregistre ainsi 90 000 véhicules pour 120 escales en 2022, au lieu de 115 000 véhicules et 140 escales en 2019.

La croisière, moins prisée

Avec 165 000 passagers (165 escales) affichés par les compagnies GNV et Baleària pour les liaisons maritimes avec le Maroc, l’activité ferry se maintient. La croisière reprend des couleurs, avec 40 000 passagers en 2022 contre 115 000 en 2019. Mais Philippe Malagola, nouveau président du port, qui vient de succéder à Jean-Claude Gayssot, ne souhaite pas retrouver l’activité d’avant-crise. L’objectif révisé se traduit par un objectif de 70 000 passagers à terme, au lieu des 150 000 ciblés initialement. Le projet de nouvelle gare maritime est par ailleurs remis à plat.

Modernisation du terminal multi-vrac et nouveau quai

D’autres équipements sont en revanche programmés ou imminents. La livraison du chantier de la connexion à quai (13,5 M€, avec une subvention Feder de près de 6 M€) est prévue pour décembre 2023. La nouvelle grue sur rail Liebherr et sa trémie dépoussiérante, pour un montant de 6,4 M€, doivent également être mises en exploitation cette année.

Autre investissement structurant : 500 000 € ont été investi dans les études préalables à la réalisation du nouveau quai I1 – un investissement estimé à 30 M€ –, qui viendra soulager le quai H, inauguré en 2016 mais « déjà saturé ».

Enfin, la drague hybride hydrogène, commandée par la Région pour 32 M€, devrait être livrée fin 2023.

Le ferroviaire, « élément de captation du maritime »  

La ligne Sète-Calais a été retenue par l’État dans le cadre du Plan de Relance axé sur le développement des autoroutes ferroviaires. Actuellement, trois rotations par semaine sont opérationnelles et depuis novembre, deux allers-retours hebdomadaires connectent Sète et Paris (terminal de Valenton).

« Nous projetons 40 000 unités acheminées par le mode ferroviaire avant 2025, contre 10 000 en 2019. La part du report modal du trafic du port de Sète atteindra alors 20 % contre 10 % en 2015.  En 2022, 25 000 camions ont utilisé des solutions intermodales. C’est une demande forte des chargeurs. DFDS se développe sur le port de Sète pour ses possibilités d’intermodalité. Le ferroviaire est un élément de captation du maritime », analyse Philippe Malagola, qui veut accélérer sur le verdissement du port. 

Hubert Vialatte

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