« Accueillir davantage de navires et de croisiéristes, dans de meilleures conditions, tout en respectant les enjeux environnementaux », tel est l'objectif d’Édouard Philippe. Le maire du Havre et président de la communauté de communes (CU) Le Havre Seine Métropole a présenté ce lundi 19 septembre le projet porté par le groupement d’intérêt public créé en février 2022 par la CU et Haropa Port, le GIP Le Havre croisières. Objet : réaménager la pointe de Floride, à l’entrée du port, qui accueille actuellement les paquebots sur ses trois quais, en un pôle pouvant accueillir des triples escales et jusqu’à 23 500 passagers par jour.
Le Havre, qui veut renouer avec son passé de port des transatlantiques et de la French Line, espère 600 000 croisiéristes en 2030, avec quelque 200 escales, contre environ 350 000 attendus en 2022 et 125 escales. Avant la pandémie, en 2018, la ville avait accueilli 420 000 croisiéristes et 145 escales. Une année record, durant laquelle les retombées économiques pour la région ont été estimées à 35 M€. En 2023, 153 escales sont déjà prévues. « Les perspectives de l'activité croisières sont extrêmement favorables, avec une croissance mondiale de 30% attendue d'ici 2030 », a souligné Florian Weyer, directeur général délégué d'Haropa Port Le Havre.
Électrification des quais d’ici 2025
Le projet prévoit la création, de 2023 à 2025, de trois nouveaux terminaux, tout en horizontalité et transparence, sur une surface utile de 15 000 m2, après la démolition ou la réhabilitation des hangars existants. Le projet portuaire est aussi « un projet urbain », a rappelé l’ex-premier Ministre. À l’interface entre la ville et le port, le site de neuf hectares va aussi être aménagé en lieu de promenade, avec une vaste allée végétalisée, des espaces d’accueil du public, de nouveaux lieux d’activités et des points de vue panoramiques sur la ville classée Patrimoine mondial de l’Unesco comme sur les activités portuaires.
Le projet financé par Haropa Port, la Région Normandie, l'État la communauté urbaine et un emprunt contracté par le GIP, se veut exemplaire en termes de transition énergétique, tant dans des bâtiments passifs, avec des matériaux bas carbone et des toits photovoltaïques que des escales « zéro fumée » sur des quais entièrement électrifiés d’ici fin 2025.
La puissance électrique délivrée sera de 10 MW par quai, ce qui « permettra d’éviter 100 t de CO2 et deux tonnes d’autres émissions polluantes durant les douze heures d’escales d’un navire », assure le GIP. Et « la règlementation impose la récupération des fumées d’échappement après filtration et nettoyage ». Des arguments loin de convaincre la poignée d’opposants qui a manifesté le même jour : l'association Extinction rébellion qui annonce la création d’une antenne locale du collectif Stop Croisière dénonçait les « privilèges écocidaires pour les géants des mers » et le « greenwashing » des ports.
Natalie Castetz