Entre le parc national des Calanques et le château Pastré, sur le site marseillais de l’ENSM, CMA CGM est en train de réhabiliter une maison patricienne du 19e siècle pour y loger Tangram, un tiers-lieu où le groupe de transport maritime ambitionne de fédérer chercheurs, ingénieurs, scientifiques et entreprises pour plancher sur le transport et la logistique de demain. Le chantier est bien avancé mais la première pierre a été posée en présence de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports.
D’ici à la rentrée 2023, CMA CGM disposera d’un de ces lieux au croisement de l’innovation et de la formation que les grandes entreprises plébiscitent dans le cadre de stratégies d’innovation ouvertes qui font tomber les cloisons entre les disciplines, les compétences et les générations et pulvérisent les organisations en silos.
Il ressemble encore à un chantier de Vinci mais il est déjà bien avancé. Le 1er mars, le groupe de transport a posé, en présence de Jean-Baptiste Djebbari, ministre chargé des Transports et d’élus locaux, dont le maire de Marseille Benoît Payan, la première pierre de son futur centre de formation et d’innovation qui doit à la fois être un lieu de collaboration pour « concrétiser les transformations dont le secteur a besoin pour être au rendez-vous des enjeux mondiaux » et embarquer l’interne dans une amélioration continue des compétences.
« Sept planches de la ruse »
Baptisé Tangram (littéralement « sept planches de la ruse »), du nom de cet apparent puzzle chinois, sans équivalent occidental et intraduisible, mais que l’architecte des lieux, Jean-Michel Wilmotte, finira par transcoder en « casse-tête », le tiers-lieu « jouera un rôle stratégique dans notre stratégie vers une logistique et un transport durables », a introduit Rodolphe Saadé, le PDG du groupe. « Nous devons nous adapter à des enjeux de plus en plus complexes. La digitalisation de nos métiers, l’urgence de préservation de l’environnement, les tensions géopolitiques nous obligent à anticiper les grands changements à venir et accompagner nos collaborateurs dans ces grands mouvements. »
Situé aux portes du Parc National des Calanques, dans le 8e arrondissement de Marseille, sur un site partagé avec l’ENSM, l’armateur marseillais réhabilite une bastide au pied du massif de Marseilleveyre. Cette maison patricienne du 19e siècle, légèrement enterrée avec un effet d’entresol « invisible », pièce névralgique autour de laquelle vont venir s’agencer les espaces suivant un plan en U, dont un pôle de formation de plus de 2 500 m2 sur cinq niveaux et équipés de trois simulateurs de navigation, un lieu événementiel d’une capacité de 200 personnes et un hub d’innovations. Une petite centaine de personnes devraient s’y côtoyer chaque jour.
Le centre d’innovation et de formation de CMA CGM tel qu’il devrait être livré en septembre 2023. Entre les premières esquisses en 2018 et son inauguration prévue, il se sera donc écoulé cinq ans, traduisant l’ampleur du chantier.
Du maritime au spatial
« Les travaux de Tangram porteront sur les transports maritimes, terrestres, aériens, et même le spatial », poursuit Rodolphe Saadé, qui espère attirer ingénieurs, chercheurs, scientifiques, universitaires, entrepreneurs... « Ils seront sollicités par nos clients, partenaires voire d’autres acteurs du secteur, des concurrents aussi, pour trouver les solutions de demain ».
Les enjeux de décarbonation occuperont sans doute une bonne partie des ressources. Et c’est à Tangram que CMA CGM va loger l’un des deux sites de l’Institut maritime français de la décarbonation voulus par le Cluster maritime français.
Invité d’honneur, le ministre des Transports, en visite à Marseille pendant deux jours, « heureux d’être présent à ce geste inaugural dans un cadre d’exception », en profitera pour stimuler l’effort de mémoire de tous quant aux mesures financières et fiscales mises en œuvre par son gouvernement pour permettre à la filière de financer les nouveaux développements sur lesquels « il fonde beaucoup d’espoirs. »
Adeline Descamps