Elizabeth Alexandra Mary a cimenté la nation britannique pendant plus de 70 ans, a connu une kyrielle de chefs d’État et vu passer 14 Premiers ministres au Royaume-Uni. La disparition de la monarque au règne au long cours ne date que de quelques heures mais un grand vide s’est creusé. Kitack Lim, le Secrétaire général de l'Organisation maritime internationale (OMI), qui siège à Londres, a dans la soirée du 8 septembre, peu de temps après l’annonce de son décès, exprimé la « grande tristesse » éprouvée par l'ensemble des 175 États membres de l'OMI et son personnel.
Kitack Lim a eu « le privilège » de rencontrer et de recevoir cette figure tutélaire, sans doute parmi les personnes la plus influentes au monde. « Son intérêt sincère pour la navigation et les questions maritimes était remarquable », ajoute le secrétaire général dans son adresse, qui s’incline devant son dévouement inaltérable de la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord au service de la couronne. L’appétence maritime de la famille royale britannique est connue outre-Manche, la princesse royale étant notamment la marraine de Maritime UK, l’organisation professionnelle représentant le secteur maritime britannique dans son ensemble, les ports, la marine et les services aux entreprises maritimes. Une filière qui contribue à hauteur de 46,1 Md£ à l'économie britannique.
Sens des affaires maritimes
C’est Élizabeth II qui a inauguré le nouveau bâtiment de l'OMI en 1983. Elle visitera le siège de l'OMI une deuxième fois en 2018. C’est aussi sa Majesté qui dévoilera une plaque commémorative à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’autorité de régulation du transport maritime alors que la première réunion de l'OMI s'est tenue à Londres le 6 janvier 1959, à Church House.
Le bâtiment du siège de l'OMI, situé sur l'Albert Embankment de Londres, sur la rive sud de la Tamise, a été construit spécialement par le gouvernement du Royaume-Uni pour l'Organisation dans les années 1970, et sa première pierre a été posée par le duc d'Édimbourg en 1979. Le cousin de la Reine, le duc de Gloucester, a rouvert le bâtiment en 2008 après une importante rénovation.
Des liens étroits avec le maritime
La UK Chamber of Shipping se dit également plongé dans une profonde tristesse, celle qui est actuellement ressentie par tous au Royaume-Uni, dans le Commonwealth et dans le monde entier, précise l’association britannique représentant l'industrie britannique du transport maritime.
« La Chambre de la marine marchande du Royaume-Uni entretient des liens étroits avec la famille royale, puisqu'elle a reçu une charte royale en 1920. La Chambre a également eu la chance d'accueillir Sa Majesté, ce dont nous lui sommes toujours reconnaissants, la dernière fois en 1994, lorsqu'elle a inauguré nos nouveaux locaux », rappelle Graham Westgarth, président de la UK Chamber of Shipping, qui salue également une « vie de service désintéressée » et a une pensée particulière pour le roi Charles III « qui entame son règne en endossant le deuil de la nation ».
« Tout au long de sa vie au service de notre pays et du Commonwealth, elle a été une source d'inspiration pour nous tous », retient aussi la présidente de Maritime UK, Sarah Kenny OBE. « En tant que maître de la marine marchande et des flottes de pêche [Master of the Merchant Navy and Fishing Fleets, titre officiel en anglais, NDLR], la Reine Élizabeth fut une véritable alliée, et nous la remercions pour son engagement de toute une vie en faveur de l'industrie maritime et du bien-être de ses concitoyens ».
Le Merchant Navy Welfare Board (services sociaux aux marins marchands, aux pêcheurs et aux personnes à leur charge) loue à son tour cet « indéfectible » et « exemplaire » service au service de la nation, signifie le directeur général Stuart Rivers.
Grande opération para-millimétré
Alors qu’une partie du monde est sidérée par cette disparition à laquelle il a pourtant eu le temps de se préparer psychologiquement, une opération protocolaire para-millimétré de grande envergure s’est enclenchée à partir du dit D-Day.
Informer officiellement et selon un rite tous les pays dont la reine était la cheffe d’État, ainsi que la quarantaine d’autres pays du Commonwealth. Baisser pavillon (l’ensemble des drapeaux de Westminster ont été baissés). Cesser toutes affaires publiques (suspension du Parlement). Lancer l’opération Spring Tide (annonce du nouveau roi), Licorne (rapatrier la dépouille à Londres en train) puis Lion (transfert de la défunte de Buckingham à Westminster)...
Dans une semaine environ, les Britanniques pourront rendre un dernier hommage à leur reine devant son cercueil. Ce n’est donc qu’autour du dixième jour que les funérailles auront lieu, à l’Abbaye de Westminster, jour de deuil national. La fille aînée de Georges VI et de la reine Elizabeth sera inhumée à la chapelle royale anglicane du château de Windsor, aux côtés de son père auquel elle portait un attachement particulier qu'elle n'a jamais cherché à cacher.
Les syndicats des transports et de la fonction publique ont annoncé le gel de leurs mouvements pendant toute la durée du deuil des Britanniques.
Adeline Descamps avec Robert Jaques (à Londres)