Ensemble, sur la base des données de 2021, les deux entités revendiquent une part de marché de 22 % dans le secteur de l’assurance mutuelle maritime, soit à quelques points d’avance sur le leader actuel du secteur, Gard, avec ses 19,3 %.
North P&I et Standard Club, tous deux P&I de la place anglaise, ont annoncé dans un communiqué avoir entamé les négociations officielles en vue de fusionner d’ici février 2023. À cet horizon, l'International Group of P&I Clubs (IG) devrait donc perdre un de ses membres mais gagner un groupe plus influent. Actuellement, avec ses 13 membres, l’IG revendique assure jusqu'à 90 % du tonnage mondial des navires.
« Standard Club et North ont l'opportunité de créer l'un des clubs P&I les plus importants au monde, offrant une gamme de produits plus diversifiée, comptétitifs grâce à des économies d'échelle et avec une portée mondiale étendue », signifie Jeremy Grose, PDG de Standard Club, P&I notamment réputé pour son implication et sa sensibilisation à la perte de conteneurs (cf. Le Standard Club se penche sur les effondrements de piles de conteneurs).
« Dans un secteur maritime en mutation et parfois volatile, cette opération de consolidation va nous aider à face aux changements qui affectent en continu le secteur maritime, à muscler notre réserve de capital et à investir dans l’enrichissement de nos services et nos produits, ajoute James Tyrrell, président de North. L'alliance offrira une proposition de valeur à l’échelle pour relever les défis de la numérisation de la transition énergétique et numérique ».
Des fusions rares
Les fusions de P&I sont des événements relativement rares. Les 40 dernières années n'ont assisté qu’à une poignée de mouvements de consolidation. La dernière tentative est restée aux portes de la fusion, au stade des pourparlers. UK et Britannia ne sont pas parvenus à aller au-delà en 2016.
North en revanche a plus d’expérience en la matière. En 1998, il a fusionné avec le Newcastle P&I Club, augmentant ainsi son tonnage inscrit de 5 millions de tonnes brutes. Deux ans plus tard, la mutuelle maritime a repris la plupart de la flotte du Liverpool & London P&I Club, qui avait assuré le Titanic et a fusionné en 2014 avec Sunderland Marine, un spécialiste de la couverture P&I des chalutiers, ferries et barges.
Les partisans de la fusion soulignent que cette opération permet de créer une base financière plus large qui permet de « diluer la volatilité entourant l'augmentation des sinistres de grande valeur. » Pendant un temps, l’idée d'un super-club scandinave, regroupant Gard et Skuld voire le Swedish Club, a été évoquée de manière informelle.
Il n’est pas certains que les armateurs appréhendent ces rapprochement avec sérénité. Car elles signifient moins de concurrence et donc de la perte d’influence.
Long parcours à venir
La fusion reste soumise à l'approbation des membres des deux clubs et des autorités de réglementations. Les procédures de vote des membres devraient se terminer d'ici la fin du mois de mai. Si elle est approuvée, la fusion officielle des deux clubs devrait être achevée le 20 février 2023.
Pour rappel, le P&I est une forme d'assurance basée sur le risque mutuel, organisé sous la forme d'une association (club), dont les membres ont droit à une couverture d'assurance mais s'engagent également à payer des primes d'un million de dollars. Il fournit principalement une couverture pour les dommages à la cargaison, la pollution et les dommages corporels. North P&I et Standard Club sont des entreprises historiques du secteur, le premier a été créé en 1860 et le second en 1884.
A.D.