POEM, Plans d’aménagement de l’espace maritime. Ils vont entrer dans le langage administratif courant. Ils définissent sur chaque façade maritime et au large des deux archipels (Baléares et Canaries), les 18 zones susceptibles d’accueillir des parcs éoliens, soit une superficie de près de 5 000 km2. Ces plans constituent la première étape du déploiement de la feuille de route de l’éolien en mer. L’Association des entreprises de l’éolien (AEE), qui rassemble les acteurs de la filière, a évoqué un pas « nécessaire et positif ».
L’Espagne a développé des parcs éoliens terrestres à grande échelle, avec une puissance installée qui frôle actuellement les 30 000 MW (29 813 MW à fin 2002, selon le dernier relevé établi par l’AEE) et dispose d’un secteur industriel performant. Cependant, l’éolien en mer n’a pas été développé jusqu’ici en raison de la topographie des fonds marins espagnols. Le développement des technologies de plateformes flottantes change cependant la donne. Le ministère pour la Transition écologique et le défi démographique (Miteco) a annoncé un objectif ambitieux de 3 000 MW d’ici 2030.
Pour l’heure, seul des projets pilotes d’éolien en mer ont vu le jour : PivotBuoy et Elisa, développés par les entreprises X 1 WIND et Esteyco respectivement aux Canaries ; et Demosath (SAITEC) au Pays basque espagnol.
Les enjeux sont considérables. Le potentiel de l’éolien en mer est supérieur de 30% à celui de l’éolien terrestre, selon le livre blanc publié par l’AEE en 2022. Anticipant la stratégie gouvernementale, les entreprises du secteur fourbissent leurs armes. Elles ont développé une quarantaine de projets, soit une puissance installée de l’ordre de 15 000 MW. Ces projets devraient avoir des retombées économiques importantes sur la construction navale, les investissements dans les terminaux, le transport des équipements (colis lourds) et la logistique, notamment le déploiement des navires de service.
Un premier appel d’offres d’ici la fin 2023
Reste maintenant à concrétiser les prochaines étapes. L’approbation des POEM devrait être suivie de l’adaptation de la régulation. Celle-ci prendra la forme de la mise à jour du décret-royal 1028/2007 définissant les procédures pour l'obtention des autorisations et des concessions administratives nécessaires à la construction et à l'extension des parcs éoliens marins. Ce nouveau décret-loi royal devrait être approuvé par le gouvernement espagnol d’ici juin 2023.
L’étape suivante sera celle de l’élaboration du premier appel d’offres puis de son lancement, prévu en principe d’ici la fin de l’année 2023. Aucune indication n’a filtré sur les zones géographiques, le nombre de projets ou la puissance installée. Les professionnels insistent sur l’urgence à lancer cette première tranche si l’Espagne veut respecter l’objectif fixé pour 2030.
Daniel Solano