L’année 2020 aura démontré que la mise sous cloche de la planète de façon quasi simultanée et la forte contraction du trafic maritime n’auront pas eu raison du brigandage à grande échelle.
La crise sanitaire et la récession mondiale ont eu peu d’effet sur la piraterie. Celle-ci n’a pas désarmé et les actes de piraterie et de brigandage dans le monde sont même en hausse. Les données du premier trimestre 2020, délivrées par le Bureau maritime international (BMI), l’organisme dépendant de la Chambre de commerce internationale, qui recense les atteintes au commerce maritime, faisait déjà état de 47 attaques et 37 navires abordés alors que la crise sévissait.
« À défaut d'atténuer l'engagement des pirates et des brigands dans leurs activités illicites, la crise sanitaire aura contribué à son maintien », admet l'amiral Pierre Vandier, chef d'État-major de l'Armée, en préambule du bilan présenté le 11 janvier par le Mica Center (Maritime Information Cooperation & Awareness Center), le pôle dédié à la sûreté maritime hébergé par la préfecture maritime de l'Atlantique à Brest.
La piraterie ne connaît ni confinement ni trêve
375 versus 369
L'ONU a estimé en novembre que le trafic maritime mondial accuserait une baisse de 4,1 % en 2020 mais le nombre d'actes de piraterie et de brigandage dans le monde s'est établi en 2020 à 375, contre 360 en 2019. Ce chiffre reste cependant largement inférieur aux sommets atteints en 2011, au plus fort des attaques au large de la Somalie, avec 669 événements.
Le golfe de Guinée, avec 114 événements (111 en 2019), demeure la zone la plus dangereuse du monde et les actes de piraterie s'y étendent désormais du large du Ghana jusqu'au large de la Guinée équatoriale. Au total, 142 marins y ont été kidnappés en 2020 (146 en 2019) avec une durée moyenne de détention de 30 jours. Dans l'océan Indien, le nombre d'événements (55 en 2020 contre 25 un an plus tôt), bien que relativement faible, augmente du fait en grande partie d'une hausse des vols au mouillage dans le golfe du Bengale.
Un porte-conteneur de Hapag-Lloyd pris d’assaut
En Asie du Sud-Est, le brigandage progresse, notamment dans les détroits de Singapour et de Malacca. Sur les 96 événements recensés en 2020, 50 concernent en effet ces détroits où des groupes de voleurs abordent les navires pour voler du matériel.
Le nombre d’actes de brigandage en Amérique latine – en baisse par rapport à 2019 avec 135 événements – reste élevé avec 109 actes, notamment dans l'arc antillais. L’actualité de ces dernières heures rappelle que la zone n’est pas sure. Le porte-conteneurs Düsseldorf Express (4 612 EVP), opéré par Hapag-Lloyd, naviguait près de Carthagène en Colombie lorsqu’il a fait l’objet d’un assaut de pirates à bord. Aucun membre de l'équipage n'a été blessé, a rapidement indiqué la compagnie.
La rédaction