Savannah. Mobile. Philadelphie. Wilmington. Investissements dans les portiques, réaménagement des quais, développement de nouveaux terminaux à conteneurs… La côte Est américaine se donne les moyens d'accroître ses capacités.
Faut-il y voir un effet « élargissement du canal de Panama » ? Le volume de conteneurs transitant par les ports de la côte Est américaine a augmenté de 46,8 % depuis 2008, tandis que la croissance le long de la côte Ouest a été beaucoup plus lente, à 18,4 %.
Si les investissements annoncés se concrétisent, les ports du sud-est américain devraient se rendre encore plus attractifs. Le plus entreprenant de ce point de vue est sans doute Savannah, qui fait partie de ces infrastructures longeant la côte atlantique profitant à plein de l’élargissement du canal de Panama. Le 37e port mondial avec 4,35 MEVP vit une constante et forte croissance depuis 2000 (+ 8 % encore en 2018, + 11 % au premier semestre 2019) si bien que face à la saturation de ses installations, il a été contraint de développer des terminaux satellites.
La Georgia Ports Authority (GPA), qui le gère, sort à nouveau le carnet de chèques pour faire cette fois un grand bond en avant et porter la capacité annuelle du 4e port américain à 11 MEVP. Pour ce faire, elle prévoit de développer sur une superficie de plus de 485 ha un second terminal à conteneurs sur l'île Hutchinson, en amont de la rivière Savannah, au-delà de son premier terminal à conteneurs Garden City Terminal et face à celui d'Ocean Terminal. Il aura une capacité annuelle de 2,5 MEVP.
Selon les plans d’expansion de la GPA, Garden City Terminal recevra en outre d’ici 2020 six grues navire-terre supplémentaires, portant son parc à 36 unités, soit bien plus que tout autre terminal en Amérique du Nord. D’ici 2027, a planifié Griff Lynch, le CEO de la GPA, 12 nouvelles grues d'une hauteur de 51 m peupleront les quais. Et avant cela, d'ici trois ans, les postes d'amarrage seront « réalignés » afin de permettre l'accueil d'un plus grand nombre de neo-panamax (14 000 EVP, 366 m de long).
220 M$ pour le rail
Soignant son extension à terre, 220 M$ ont été sanctuarisés pour le développement d’un terminal ferroviaire, dont la première phase sera livrée au printemps 2020. À l'ouverture de la seconde phase, fin 2020, Savannah pourra transporter 1 million de conteneurs par an via le rail.
Relié au Golfe du Mexique, le port est-américain a maille à partir avec une forte concurrence au sein de sa « zone de chalandise », principalement Charleston en Caroline du Sud (2,31 MEVP, + 6 % en 2018) au Nord et Jacksonville en Floride (1,27 MEVP, + 23 % en 2018) au Sud. Tout en se faisant concurrence, les États voisins de la Géorgie et de la Caroline du Sud s'étaient mis d’accord pour développer un nouveau port en eaux profondes dans le comté de Jasper. Il ferait de facto partie du port de Savannah mais situé en Caroline du Sud. Après d’interminables tractations, le projet semble en « veilleuse ».
Mobile port, 100 M€
Dans la région, en Caroline du Nord, un autre projet d'expansion à grande échelle d'un port à conteneurs est prévu à Wilmington, porté par l’émirati Gulftainer, sur le site d'une ancienne usine chimique. L'installation prévue de 1,2 MEVP devrait entrer en service mi 2020.
Plus au sud, bordant le Golfe du Mexique, l'Autorité portuaire de l'État d'Alabama (ASPA), qui gère Mobile Port, a reçu en septembre l'autorisation fédérale pour approfondir le seul port en eaux profondes de l'État en vue de porter les tirants d’eau des chenaux Bar et Bay&River à 15,80 m et 15,20 m. Les travaux pourraient démarrer fin 2020.
Cette nouvelle phase d’expansion suit de peu de précédents investissements (lancés en 2017) de 50 M$ en deux temps en faveur du seul terminal à conteneurs (APMT Mobile) opéré aujourd’hui par un joint-venture entre APM Terminals et l'ASPA. La seconde phase, lancée en 2018, vise à porter la capacité à 0,65 MEVP. En février 2020, le terminal modernisé devrait ajouter 120 m à la ligne de quai qui atteindra alors les 730 m, de façon à accueillir simultanément deux navires de plus de 10 000 EVP. Le port américain est actuellement desservi par 2M et de Ocean Alliance avec des navires de 6 000 à 8 000 EVP.
Philadelphie, 200 M€
Le port du Nord-Est des États-Unis, planté entre New York et Washington, est aussi engagé dans un programme d’investissement de 200 M$ visant à faire passer la capacité de Packer Avenue Marine Terminal (PAMT), l'un des deux terminaux à conteneurs de Philadelphie exploité par Holt Logistics, de 0,5 à 0,9 MEVP. L'installation est inscrite sur les lignes de Maersk, MSC, Hamburg Süd et CMA CGM, où les plus gros navires à faire escale sont des néo-panamax de 8 800 à 12 000 EVP. Une grue supplémentaire pour des ULCS y a été livrée en septembre par le Chinois ZPMC, complétant les quatre portiques à conteneurs réceptionnées depuis mars 2018.
Enfin, PSA International et Macquarie Infrastructure Partners ont finalisé en septembre un accord en vertu duquel PSA ferait l'acquisition du terminal Halterm à Halifax (Canada) et de Penn Terminals, un terminal polyvalent près du port de Philadelphie, d’une capacité actuelle de 425 000 EVP, avec l'autorisation des autorités de la concurrence.
Adeline Descamps