[Droit de suite] MV Wakashio, des révélations accablantes

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L'exploitant du vraquier qui s'est échoué en juillet au large de l'île Maurice, provoquant l'une des pires catastrophes environnementales de l’océan Indien, avait annoncé que l'enlèvement de la partie arrière du navire commencerait fin décembre. L’opération a débuté alors que les officiers viennent d’être auditionnés pour la première fois sur les circonstances de l’accident.

Le MV Wakashio, un vraquier de 203 000 tpl, affrété par MOL à Nagashiki Shipping, s’est échoué le 25 juillet 2020 sur le récif de Pointe d'Esny, près du parc marin de Blue Bay, alors qu’il faisait route vers le Brésil. Quelque 1 000 t n’ont pas pu être récupérées et se sont déversées dans l'océan, se répandant sur environ 30 km le long des côtes. Le gouvernement mauricien avait exigé cet été 34 M€ pour dommages et intérêts. Une somme que Port Louis entendait utiliser pour aider les pêcheurs touchés par la catastrophe et pour la construction de 100 chalutiers.

Nagashiki Shipping, avait indiqué à Reuters en fin d’année dernière que l'enlèvement de la partie arrière du navire commencerait fin décembre et durerait plusieurs mois. C’est la société chinoise Lianyungang Dali Underwater Engineering qui a obtenu le contrat. La partie avant avait été sabordée par SMIT Salvage, de façon spectaculaire d’ailleurs, en août, conformément aux instructions des autorités locales.

Opération section arrière

L’opération concernant la section arrière a finalement démarré le 17 février, avec retard, en raison des conditions météorologiques défavorables. Elle consiste à démanteler les 75 m restant de la poupe, une intervention qui nécessitera quatre à cinq trajets, les sections étant acheminées au port pour être décontaminées puis remises à un chantier de recyclage. Lianyungang Dali Underwater Engineering y emploie une barge à grue, le Hong Bang 6, et trois remorqueurs dont l’Ionian Sea Fos. Le démantèlement de l'étrave sera effectué dans un délai de 25 à 30 jours. Des barrages flottants ont également été déployés pour parer à toute nouvelles fuites de pétrole, bien qu’il ait été en principe pompé dans sa totalité. Le navire avait en soute 3 894 t de VLSFO, 207 t de gasoil et de 90 t d'huiles lubrifiantes lorsqu’il s’est échoué et quelque 1 000 t n’avaient pas pu être récupérées.

 Selon les autorités locales, le récif corallien Pointe d'Esny risque de subir des dommages supplémentaires pendant l’intervention car la grue a dû être ancrée et la partie du navire s'est enfoncée dans le récif depuis son échouage.

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Causes de l’accident 

Les causes de l’accident sont longtemps restées obscures. Selon les premiers éléments de l’enquête, le navire aurait dévié de sa route parce que le capitaine voulait obtenir une meilleure connexion téléphonique et Internet afin de permettre à un membre d’équipage, dont c’était l’anniversaire, de parler à sa famille.

Les audiences des officiers du vraquier, actuellement détenus sur place, ont démarré avec l’audition du capitaine Sunil Kumar Nandeshwar, entendu par la première fois par la cour chargée d’enquêter sur les circonstances de l’échouement. L’officier est entré dans la marine marchande en 1985, capitaine depuis 1995 pour le gestionnaire de navires indien Bernherd Schulte Shipmamagement et en contrat sur le MV Wakashio depuis décembre 2019. Il devait assurer initialement une mission de cinq mois mais elle s’est prolongée en raison de la pandémie et de l’impossibilité d’être relayé (la grande problématique du secteur actuellement) du fait des restrictions sanitaires et de la fermeture des frontières. 

Accusation pour « violent passage »

L’officier concède assez rapidement avoir été négligent. Il est alors questionné sur sa consommation d’alcool, soupçonné d’avoir dépassé la limite autorisée. Il reconnait en consommer hors de son temps de travail et se dit soucieux du bien-être de son équipage. Cela passe par des fêtes quand ils jettent l’ancre ou de s’assurer que les membres de son équipage puissent communiquer avec leurs proches.

En l’occurrence, les témoignages du capitaine et du second officier, Hitinamillage Tilakaratna Subodhne, ne se recoupent pas vraiment, le premier rejetant la faute sur le second. Dans son témoignage, le second du navire a déclaré que le capitaine lui avait ordonné de s’approcher des côtes pour capter le réseau.

Le capitaine a admis s’être absenté de la passerelle pour se rendre à la fête d’anniversaire et qu’ayant bu, il avait demandé à son officier de le relayer. Ce dernier a déclaré à la cour que le capitaine cherchait à obtenir une liaison lorsque le navire s'est échoué. Après l'échouement, le capitaine a repris le commandement pour faire reculer le navire du récif. 

Sunil Kumar Nandeshwar doit répondre d’une accusation de violation de l'article 19 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer « innocent passage ». Il encourt une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans.

A.D.

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