Après China United Lines (CUL), voici BAL Container Line qui, après avoir proposé deux liaisons ad hoc, une entre la Chine et l'Europe du nord et l’autre entre la Chine et Los Angeles, transforme ce dernier en hebdomadaire.
De façon opportuniste et temporaire pour profiter des taux de fret extrêmement élevés ou dans une approche plus structurante, quoi qu’il en soit, la compagnie avait effectué première rotation entre Shanghai-Ningbo et Rotterdam le 10 mai avec un navire affrété, le A Daisen, d'une capacité de 1 732 EVP. Le BAL Peace, d'une capacité de 1 618 EVP a été exploité sur un deuxième voyage vers l'Europe du nord le 5 juin.
Ce sont ces deux navires qui vont être transférés sur le nouveau service transpacifique baptisé CPX prévu pour être exploité en juillet et août. La nouvelle rotation est pensée avec un transit time de quatre semaines et des escales limitées, à Ningbo et Los Angeles uniquement, au moyen de cinq navires en tout. Deux d’entre eux auront une capacité nettement supérieure : les S Santiago (5 060 EVP) et le X-Press Manaslu (4 506 EVP). Le troisième (A Fuku) est une unité de 1 043 EVP.
En mai, le dérèglement de la ligne régulière a atteint son seuil critique
Un navire affrété entre 100 et 145 000 $
On sait désormais qui est l’affréteur du panamax qui a défrayé la chronique pour son coût exorbitant. Le navire construit en 2006, propriété de Cyprus Sea Lines que VesselsValue évalue à 38,48 M$, a été négocié entre 100 000 et 145 000 $/j pour un emploi de quatre-vingt jours. C’est dire qu’avec les 145 000 $, le propriétaire du porte-conteneurs va récupérer en peu de temps 11,6 M$, soit un tiers de sa valeur.
Le navire est devenu une denrée précieuse car rare, et il n’y a pas que chez les chargeurs et transporteurs que les digues psychologiques de prix ont sauté. Apparemment, tous sont enclins à payer, les uns pour que leur fret puisse embarquer (redoutant plus encore d’avoir à payer le stockage dans les entrepôts) les autres, pour profiter pleinement de l’effervescence des taux.
Home Depot va exploiter son propre navire pour pallier le déficit d'approvisionnement
Pour tous les goûts
L’aventure en terres inconnues de BAL n’est pas sans rappeler celle de China United Lines (CUL). Le transporteur intra-asiatique a commencé par mettre en service un navire sur un service mensuel entre Asie et Europe pour répondre à un acteur de la grande distribution en panne de conteneurs et de navires. Il a fini par rendre son service Asie-Europe AEX bimensuel à partir de juin avec quatre unités affrétées à temps.
La compagnie de Shanghai vient d’ajouter à son carnet de commandes, déjà garni de quatre précédentes unités de 1 930 EVP confiées à CSSC Guangzhou Wenchong, de deux nouveaux contrats pour des navires de 2 400 EVP. Le constructeur chinois Yangzijiang Shipbuilding devrait les livrer en 2023.
Les deux nouvelles unités devraient a priori être exploitées sur le marché intra-asiatique et non pas sur les grandes lignes. Elles seront en tout les plus plus grandes en propriété du transporteur.
Estimés à 27 M$ chacun, les navires présentent un coût élevé, bien qu’intégrant des normes environnementales supérieures. Mais la hausse des prix de l'acier fait également flamber les coûts de construction. Un autre dérèglement que celui du « super cycle » des matières premières. Celui-ci régale les exploitants de vraquiers.
Adeline Descamps