Les ventes de biens marchands à l’étranger se sont bien comportées jusqu’à présent cette année, selon Business France. Entre janvier et septembre, le volume d'affaires des entreprises françaises a atteint 439 Md€, soit une hausse de 20 % par rapport à la même période de l'an dernier, indique l’agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française.
La performance est d’autant plus notable que l’année 2001 avait déjà profité aux exportations françaises, avec une progression de 17 %, à 501 Md€. La dynamique s'est accompagnée d'une augmentation du nombre d'exportateurs, passé de 130 300 à 139 400, « le niveau le plus élevé depuis 20 ans ».
Au cours des trois premiers trimestres de cette année, l'ensemble des secteurs d’activité ont en profité en valeur, et pas exclusivement les seuls grands marqueurs à l’export même si les poids lourds ont encore consolidé leur ancrage. Ainsi, l’industrie agroalimentaire et la filière secteur agricole ont enregistré des ventes en croissance de 28 % par rapport à leur niveau pré-crise sanitaire. Les expéditions de produits textiles ont progressé de 30 % et les produits pharmaceutiques, chimiques, parfums et cosmétiques, de 24 %.
CMA CGM en renfort des comptes publics
Plombé par le solde énergétique
Toutefois, l'inflation vient jeter un voile sur le commerce extérieur hexagonal. Le gouvernement français table sur un solde négatif de 156 Md€, d'après le projet de loi de finances pour 2023.
Au cours des trois derniers trimestres, selon les douanes, les importations ont augmenté tous les trois mois de plus ou moins 8 %. Cette accélération est liée à la facture énergétique, dont le solde s’est dégradé de 7,3 Md€ sur le seul troisième trimestre.
Les approvisionnements en énergies ont explosé depuis le début de la guerre en Ukraine afin de pallier le pétrole et le gaz russe. La France achète notamment de l'électricité (plus de la moitié des réacteurs nucléaires sont à l'arrêt), dont les montants importés ont été multipliés par 42 par rapport à leur niveau moyen de 2019. Le solde a reculé de 4,2 Md€ en raison de la faible disponibilité du parc nucléaire et d'une forte augmentation du prix du gaz sur le marché européen (jusqu’à 200€/MWh observé au troisième trimestre).
Mais le déficit commercial est aussi plombé par les arrivées de GNL, notamment en provenance des États-Unis, et négociés à un prix élevé (quatre fois plus que ce paient les entreprises américaines par exemple).
Du blé et des avions
Le déficit manufacturier s'accroît plus modérément (de 1,7 Md€), en dépit de la nette amélioration du solde aéronautique, historique locomotive. Le solde des produits agricoles s'améliore également de 1,4 milliard pour s’élever à 2,2 milliards, un niveau record depuis 2009. Il s'explique par une hausse des exportations (2,4 Md€) – assise pour plus des deux tiers sur le blé –, bien supérieure à celle des importations (0,3 Md€).
L’épi a été principalement vendu au Maroc et à l’Algérie. Éloquent, la part de marché de l'Ukraine et de la Russie dans les importations de blé du Maroc, grand importateur de l’origine mer Noire, est passée de 31 à 2 % entre 2021 et juin 2022. Mais le blé français a aussi profité à quatre pays européens : Espagne, Belgique, Italie, Pays-Bas. Á nouveau, l’agriculture offre à l’Hexagone un « coussin compassionnel ».
Adeline Descamps