Le grand opérateur portuaire chinois a signé un accord de coopération stratégique avec le géant de l’e-commerce Alibaba et sa filiale Ant Financial Group. Objet : conslider l’expertise dans les ports, les technologies et la finance pour construire un écosystème portuaire ouvert et interconnecté. Une alliance qui ne manquera pas d’inquiéter pour la menace qu’elle porte pour les acteurs établis.
Faciliter le commerce en permettant aux acheteurs et aux vendeurs d'effectuer des transactions d'exportation et d'importation numérisées, sécurisées, sans contact et sans intermédiaire. C’est la raison d’être de la blockchain. À la faveur de la crise sanitaire, qui a changé le regard sur les opérations à distance, la technologie a toutes les faveurs. Ces dernières semaines, les annonces s’enchaînent. Dernière initiative en date, il y a quelques jours, l’opérateur portuaire émirati DP World a rejoint TradeLens, la plateforme de blockchain créée par Maersk et IBM et à laquelle ont notamment adhéré CMA CGM, MSC, Hapag-Lloyd et One.
Le rush technologique est-il une menace ou une opportunité pour le secteur maritime ?
Accélération dans la numérisation
La numérisation et l'automatisation des opérations dans le secteur portuaire ne sont pas nouvelles. Mais le transport maritime, au nombre inégalable d’intermédiaires et de parties prenantes, de contrôles effectués, d’informations échangées, de documents manipulés, est encore très loin de sa mue digitale alors que les technologies disponibles se sont démultipliées, de l’internet des objets au cloud en passant par l’intelligence artificielle, le big data et la blockchain.
Avec ce mélange de statistiques, d’analyse, d’optimisation et d’informatique XXL, elles viennent impacter toutes les fonctions de la supply chain : quand on planifie son transport, l’exécute, le paie, l’analyse … et permettent à tous les acteurs de se concentrer sur la valeur alors que le conteneur, autre rupture historique du secteur, avait « seulement » permis de massifier les flux.
Mais de toutes les technologies, la blockchain est celle qui offre sans doute le plus gros potentiel en termes d'efficacité portuaire, notamment en permettant de partager quantité de données en temps réel, capital pour la traçabilité des marchandises, et de numériser toutes les étapes des opérations de fret.
Normalisation des process
Il reste encore à normaliser et à rationaliser un grand nombre de processus et de flux de données pour y parvenir. Les coopérations stratégiques se créent avec cet objet. Celle entre China Merchants Port, qui exploite 41 ports en Chine et 25 à l’international, Alibaba et Ant Financial, entend allier l'expertise des ports, de la technologie et des finances. Une alliance qui ne manquera pas d’inquiéter pour la menace qu’elle porte pour les acteurs établis. Mais l’Amazon chinois a déjà eu l’occasion de manifester son intérêt pour le transport maritime lorsqu’il a proposé à quelques transporteurs, dont CMA CGM et Cosco, un service de réservation en ligne des conteneurs sans intermédiaires.
Les opérateurs portuaires chinois sont aussi de fervents partisans de l’automatisation. Shanghai, partiellement détenu par China Merchants Port, revendique le plus grand terminal entièrement automatisé du monde.
Adeline Descamps