« La performance du premier semestre 2022 a été supérieure aux attentes, mais nous prévoyons un ralentissement du taux de croissance dans la seconde partie de l’année. Les perspectives sont incertaines en raison de la géopolitique, d'un environnement inflationniste, des fluctuations monétaires et des perturbations de la chaîne d'approvisionnement », indique le document financier semestriel de 34 pages que l’opérateur émirati vient de publier. DP World déclare un chiffre d'affaires (7,93 Md$) en hausse de 60,4 % en glissement annuel et de 20,1 % à périmètre constant, tiré par un revenu moyen par EVP en augmentation de 9,2 %. L’Ebitda ressort à 2,44 Md$ (+ 628 M$) avec une marge à périmètre constant de 38,2 %. Les revenus provenant des activités d'exploitation (+ 30 %) atteignent 1,93 Md$ contre 1,49 Md$ au premier semestre 2021.
L’opérateur portuaire a manutentionné 39,49 MEVP au cours du premier semestre (+ 2,3 % par rapport au premier semestre) alors qu’il avait soldé l’année 2021 sur 77,9 MEVP. DP World a bénéficié d'un retour en forme à Jebel Ali, où les volumes traités ont augmenté de 3,5 % pour atteindre 3,5 MEVP, après deux trimestres consécutifs de pertes en glissement annuel. Le terminal de Dubaï reste la locomotive du groupe avec pèse 18 % de l’ensemble.
9 Md$ de ventes d’actifs
Par ailleurs, l’opérateur de Dubaï a effectué plusieurs transactions depuis le début de l’année qui lui ont permis d’encaisser environ 9 Md$. « Ce renforcement du bilan nous a permis d'atteindre notre objectif de levier financier pour 2022, à savoir moins de 4 fois le ratio dette nette/Ebitda, et cet argent frais nous donne également la flexibilité nécessaire pour accélérer les investissements sur les marchés en croissance tout en maintenant une notation internationale de qualité », commente le rapport. Au 30 juin, la dette nette du groupe s’élevait à 15,5 Md$.
Parmi ces transactions, ses terminaux français sont concernés. DP World s’est retiré de GMP, le terminal havrais qu’il exploitait avec Terminal Link (CMA CGM + China Merchants). Dans ce cadre, la participation du groupe de Dubaï au Havre (49,8 %) a été acquise par Icon Infrastructure, un fonds d'investissement basé à Londres, pour une valeur de 348,6 M$. CMA CGM et China Merchants détiennent désormais 50,2 % des parts par le biais de Terminal Link. L’opérateur émirati a revanche consolidé Eurofos à Fos-sur-Mer en maintenant sa participation, détenue à parité avec Terminal Link. « Ce terminal est important pour la stratégie à long terme de DP World en tant que port méditerranéen de premier plan », précise l’exploitant de terminaux.
Volumes traités par DP World au cours du premier semestre 2022 (Source : rapport financier DPW)
741 M$ investis
Parallèlement, 741 M$ ont été investis dans le portefeuille existant au cours du premier semestre de l'année, soit la moitié de ce qui est prévu sur l’ensemble de l’année. Les terminaux de Djeddah (Arabie Saoudite), de London Gateway (Royaume-Uni), et de Sokhna (Égypte) en ont accaparé 401 M$, notamment pour monter en capacités. Ainsi, la capacité globale de ses terminaux, qui étaient de 91,7 MEVP à la fin de l’année 2021, va être portée à 94,5 MEVP d’ici la fin de l’année. L’extension du port britannique de Southampton (+ 1,6 MEVP) sera l’investissement le plus notable.
Au Moyen-Orient, Europe et Afrique – région phare du groupe – DP World a enregistré une croissance de ses volumes de 1,8 % à périmètre constant et de 64,5 % de son chiffre d'affaires (5,2 Md$) principalement en raison de l'acquisition d'Imperial Logistics, société de logistique intégrée présente dans 25 pays, et de Syncreon (solutions d'entreposage et de distribution dans des secteurs à valeur ajoutée) implantée dans 19 pays. Le bénéfice avant impôts, intérêts, amortissement et dépréciation ressort à 1,67 Md$ (+ 24,9 % par rapport au premier semestre 2021).
Implantations de DP World (Source : DPW)
Les revenus en Asie-Pacifique et le sous-continent indien ont augmenté de 66,8 % pour atteindre 1,31 Md$ (789 M$ il y a un an) principalement « grâce à la bonne performance des activités de feedering et de logistique de Feedertech et d'Unico qui ont bénéficié de la hausse des taux de fret. »
Quant à la région Amériques-Australie, où se situent notamment ses terminaux-locomotives de Prince Rupert (Canada) et de Callao (Pérou) dont les capacités ont été accrues au cours du premier semestre, les recettes sont en hausse de 42,5 % (1,42 Md$).
224 M$ d’impôts
DP World n'est pas soumis à l'impôt sur le revenu pour ses opérations aux EAU. Sa charge fiscale concerne donc les bénéfices réalisés par les filiales à l'étranger. Pour les six premiers mois de 2022, DP World était redevable de 224 M$ au titre de l’IS (147 M$ au premier semestre 2021), principalement en raison de l'augmentation de ses bénéfices.
En 2021, Drewry faisait du manutentionnaire émirati le numéro cinq mondial avec 76,3 MEVP et une part de marché de 8,9 %, derrière Cosco Shipping Group (110,6 MEVP), APM Terminals (92,1 MEVP), PSA (91,8 MEVP) et Hutchison Ports (85,6 MEVP).
Adeline Descamps