Après l’Italie, l’Espagne, la France se prépare à recevoir 2Africa, le câble de communication sous-marin de tous les superlatifs, de la démesure avec sa boucle de 47 000 km à terme et des performances techniques inégalées jusque-là. Á lui seul, 2Africa renfermant seize paires de fibres optiques offrant davantage de capacité que les quinze câbles réunis qui connectent déjà Marseille.
L’Ile de Sein a fendu les eaux de la Cité phocéenne le 3 novembre au matin et devrait débuter sa connexion à la terre dans les jours qui viennent en fonction des conditions météorologiques. Pas une mais deux plus exactement avec des BU (branching unit) vers l’Italie et l’Espagne. Il s’agira du tout premier branchement dans les six fourreaux récémment aménagés par le GPMM.
Pour la première fois dans l’histoire récente de Marseille et de l’industrie numérique, l’atterrage s’effectuera non pas sur la plage du Prado mais dans l’enceinte du port de commerce au nord à proximité de l’Estaque. Un changement de localisation de la station à la fois pour des raisons de sécurité et de la proximité des datacenters dont les trois de l’américain Digital Realty MRS1, 2 et 3 construits sur le port. « 2Africa sera le premier câble tiré dans les infrastructures du port. La présence des fourreaux évite d’effectuer des tranchées sur la plage », souligne Frédéric Cazeneuve, Project Marine Manager d’Alcatel Submarine Network. La filiale de Nokia a décroché ce marché en 2020 portant sur la fabrication et l’installation du système.
33 pays connectés
Meta (Facebook), après s’être offert son propre câble transatlantique en 2021, est à l’initiative de 2Africa, un consortium d’opérateurs internationaux associant le Britannique Vodafone, Orange mais aussi China Mobile, Saudi Telecom, MTN Global Connect et Telecom Egypt. Le câble est fabriqué en France dans l’usine Alcatel Submarine Networks de Calais, en cours d’agrandissement. Les répéteurs sont pour leurs part fabriqués à l’usine ASN de Greenwich.
Pour la réalisation de ce projet de grande envergure la logistique du câble a fait l’objet de toutes les attentions afin de maîtriser les coûts tout en assurant la livraison dans les temps. Une partie des câbliers engagés dans le projet a chargé directement à l’usine quand d’autres trop éloignés ont bénéficié de l’arrivée de navires spécialement affrétés avec le câble à bord et des opérations de transbordement. « Nous optimisons les plannings pour réduire le transit time pour nous concentrer sur la pose du câble. Le système est tellement grand que nous le posons en simultané en Afrique, en Méditerranée et au Moyen-Orient. Actuellement trois bateaux sont mobilisés l’Ile de sein en Méditerranée, l’Ile de Batz en mer Rouge et le Niwa [affrété à E-Marine, NDLR] au large du Kenya en Afrique de l’Est. D’ici la fin 2022, l’Ile de Bréhat sera mobilisé en Afrique du Sud et au Mozambique et l’Ile d’Aix rejoindra la campagne pour travailler en mer Rouge », détaille Frédéric Cazeneuve.
Á l’achèvement de la pose de 2Africa fin 2024, trente-trois pays seront connectés à horizon 2024 dont seize pour la première fois avec à la clé, un accès à Internet fiabilisé et très haut-débit.
N.B.C