En présentant, le 11 janvier dernier, le bilan de l’activité du port d’Algésiras en 2021, son président, Gerardo Landaluce, a rappelé que le trafic total avait dépassé les 105 Mt, soit « une tonne sur cinq manutentionnée dans le système portuaire espagnol ». Malgré ce satisfecit, il n’a pourtant pas caché les difficultés auxquelles fait face le port andalou.
Pour ce qui est du trafic de conteneurs, Algésiras a subi de plein fouet l’effet Tanger-Med et accuse un recul de 6 % en 2021, à 4,8 MEVP. Le transbordement, qui représente 85 % de son activité, s’est replié de 8 %. Le port espagnol a réussi à limiter la casse grâce à la montée en puissance de l’import-export : + 5 % à 0,7 MEVP. En conteneurs pleins, la hausse est encore plus significative (+ 10 %, 0,4 MEVP), la progression des imports (+ 15 %, 0,2 MEVP) étant supérieure à celle des exports (+ 7 %, 0,2 MEVP). Le volume total de conteneurs traités, pleins et vides, a même bondi de 75 % depuis 2014 (0,4 MEVP).
Rehaussement des portiques
Pour Gerardo Landaluce, il faut « poursuivre la croissance de ce mix pour apporter de la stabilité ». Sur le transbordement, il se veut optimiste pour 2022. Le projet de rehaussement de cinq des huit portiques du terminal à conteneurs de TTI-A, dans lequel CMA CGM détient une participation de 50 % moins une part, devrait être finalisé à la mi-2022. Cela devrait permettre d’accueillir des navires de grande capacité, notamment ceux de CMA CGM et de la dernière génération de HMM, et ainsi accroître la productivité. « La capacité du terminal sera renforcée », estime le président.
Mais la marge de progrès est limitée. Le principal opérateur portuaire, AMPT (groupe Maersk), gère ses installations d’Algésiras et de Tanger Med dans le cadre d’une business unit. L’ère de la position monopolistique du port andalou dans le détroit de Gibraltar est bel et bien révolue. À cela s’ajoute la crainte de l’impact négatif du dispositif de contrôle des émissions (ETS) dans les ports, voulu par la Commission européenne dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Gerardo Landaluce craint une « externalisation du transbordement » qui aurait un impact négatif sur la connectivité et donc sur la compétitivité du port.
Un terminal pour l’autoroute ferroviaire
D’où l’importance de continuer à pousser l’import-export qui, au demeurant, intéresse aussi les compagnies maritimes de plus en plus présentes sur les chaînes logistiques. Dans le plan d’investissement pour 2022, l’autorité portuaire consacrera 19,2 M€ au ferroviaire, dont 17,4 M€ à l’extérieur de l’enceinte portuaire.
Le projet d’autoroute ferroviaire Algésiras-Saragosse est une priorité. Le processus de concession du terminal dédié (T2) à l’opérateur Rail&Truck Strait Union, piloté par Continental Rail, filiale de CMA CGM, devrait être bouclé cette année. Gerardo Landaluce table sur une mise en service en 2024.
Daniel Solano