La pratique, assez courante aux Etats-Unis, qui consiste à décorer un camion sur un thème à connotation fortement patriotique se rencontre dans tous les secteurs de l’industrie et du transport.
Comme ici, sur ce très bel ensemble de la compagnie Bryce Christensen Excavating qui fait la promotion de la National Guard, un corps de réservistes très populaire dans le pays qui compte pour près de la moitié des forces de combat de l'Army et de l'Air Force. Ce qui est considérable.
Certes, toute la flotte de Bryce Christensen ne bénéficie pas du même traitement, ce qui fait de ce camion un ensemble d’exception qui trouve naturellement sa place dans les shows et autres parades dont raffolent les Américains. Mais qui travaille aussi tous les jours !
Pour nous, vu d’Europe, ce semi-remorque présente une élégance presque « aérienne ». Une impression qui découle de ses caractéristiques : d’abord une benne extrêmement fine, de forme demi-circulaire, portée assez haut sur un train roulant tandem à monte simples. Une particularité de cette semi tient à ce qu’elle n’a pas de châssis. C’est une caisse autoportante. Question, comment bascule-t-elle alors ? En pivotant sur l’axe du tandem arrière au moyen d’un vérin télescopique frontal prenant appui au niveau de la sellette du tracteur. Un fin cadre, très court et portant également les béquilles, s’articule sous la caisse, servant aussi à la stabiliser.
Bien évidemment, avec un tel système, lors du bennage, la distance entre le tracteur et la semi se réduit au fur et à mesure que l’angle de bennage s’accroit. Ce qui impose que l’un des deux éléments reste mobile au cours de la manœuvre et ne soit donc pas freiné : ou les essieux de la semi se rapprochent de l’arrière du tracteur ou le tracteur recule vers les essieux de la semi. C’est étrange, pas non plus d'une stabilité exemplaire, mais ce type de construction est couramment utilisé aux Etats-Unis pour une seule raison, il permet d’alléger considérablement l’ensemble et donc d’accroître la charge utile. Dans des états, comme ici l’Utah, où les restrictions de poids sont importantes, c’est un moyen d’améliorer la productivité des camions. Mais ce n’est pas le seul. Le recours aux alliages légers est la norme, y compris pour les jantes, et vous observerez que le tracteur, un Kenworth W900, est gratifié d’une cabine (très) courte, sans superflu et que ses essieux moteurs sont eux aussi montés en simples. Autant de poids gagné.
Ce n’est pas exactement la même benne, ni le même transporteur, mais la construction est identique et le principe de basculement aussi. Assez souvent, le train roulant de la semi est, plus simplement, solidaire de la caisse. Le basculement se fait alors par pivotement sur le dernier essieu. C’est encore moins stable et induit un effet de poinçonnement préjudiciable aux sols comme aux pneus.
Il y a bien longtemps, en France, Benalu s’était essayé à cette technique sur des semi-remorques céréalières grand volume. Le marché n’avait pas suivi...
