Un 6x2 « inversé », à deux essieux avant directeurs, ce n’est pas commun. C’est même une silhouette rare, surtout en tracteur. Mais elle ne l’a pas toujours été. En Italie, de tels tracteurs ont même connu un certain âge d’or. Il y a fort longtemps, il est vrai, dans les années 1960 et jusqu’à la fin des années 1970.
En ces temps-là, les Fiat 690T2 avaient la faveur de bien des entreprises qui les utilisaient avec des semis à 2 ou 3 essieux, assez bizarres d’ailleurs, avec souvent un essieu central, voire deux, et un autre très excentré, dirigé ou auto-vireur. Les subtilités du code italien étaient alors impénétrables...
Reste qu’il est surprenant de trouver la même formule appliquée à un Stralis actuel. Sauf que ce Stralis… n’en est pas un. C’est un Iveco-Genlyon. Une copie (légale) du Stralis, construite en Chine dans le cadre d’un accord passé entre Iveco et les sociétés chinoises Hongyan et SAIC. Cet Iveco-Genlyon est donc chinois.
Cela n’a rien à voir, mais il est amusant de noter que les Anglais, qui ont aussi, un peu, pratiqué cette forme de 6x2 (ici sur un ERF), l'appelaient « chinese six » ! Sans que l'on sache vraiment pourquoi...
On le sait moins, mais il se trouve qu’en France également on a failli connaître des tracteurs 6x2 « inversés ». Ce n’est pas un hasard, l’initiative en revenait à Unic, alors filiale de Fiat, qui développa et commercialisa brièvement une version de ce genre du T340A. Quand ? Lorsqu’en 1971, le PTRA maxi des ensembles articulés passa de 35 t à 38 t. Problème, il fallait alors 5 essieux au sol, au lieu de 4 précédemment, et l’idée était de proposer un tracteur 6x2 pour pouvoir continuer à travailler avec les semis tandem qui constituaient alors le gros du parc.
Les deux essieux directeurs avant présentaient, selon Unic, de réels avantages en termes de gabarit, de répartition des masses et de sécurité, avec un pouvoir directeur fortement accru. Quelques-uns furent vendus, mais ce modèle restera marginal et sera vite retiré du catalogue. En fait, les entreprises basculèrent rapidement vers des semi-remorques tridem qui se suffisaient d’un tracteur 4x2, moins onéreux et plus rassurant car plus conventionnel.
