Un Mercedes-Benz Actros 1843, à la livrée assez neutre, comme il en roule des milliers en Europe, parqué quelque part, en attente d’atteler une semi et de prendre la route. Rien que de très banal. Pourquoi vous le montrer alors ? Prenez le temps de le regarder de plus près. D’abord, il est immatriculé en Suède. Mais surtout il porte, en façade de pavillon, la discrète inscription, également rappelée en bas de portes : Scania Transportlaboratorium AB. En clair, il roule pour Scania !
Faut-il que les responsables de la logistique du groupe suédois aient si peu confiance en leurs camions pour qu’ils achetent des Mercedes ? Évidemment, non. Mais quand on a la chance de disposer d’un service de transport (quasi) intégré, avalant plusieurs millions de kilomètres par an, dans des liaisons inter-usines quotidiennes, on est en mesure d’en apprendre beaucoup sur les véhicules qu’on exploite : ce qu’ils consomment, comment ils s’usent, à quelle fréquence ils doivent passer à l’atelier, s’ils cassent, bref, ce qu’ils valent exactement. C’est bien de le savoir pour ses propres modèles, afin de remonter rapidement (et discrètement) l’information aux bureaux d’étude et à l’usine, mais c’est tout aussi précieux de le savoir pour ceux de la concurrence. Voilà pourquoi, dans une flotte composée bien évidemment de Scania, on trouve aussi quelques Actros, TGX et autres XF105. En règle générale, ces camions-espions font 1 million de kilomètres dans le service avant d’être changés. De quoi découvrir ce qu’ils ont vraiment dans le ventre.
« Keep your friends close. And keep your enemies closer ». Gardez vos amis proches. Et gardez vos ennemis encore plus proches. Telle pourrait être la devise (officieuse) du Scania Transportlaboratorium. Le service qui en sait peut-être le plus sur la valeur réelle des Scania… et sur celle de ses concurrents.
