L’Officiel des transporteurs : Comment interprétez-vous le soutien de l’État au travers du COP ?
Thierry Guimbaud : Ce contrat représente une première pour VNF depuis sa création en 2013. Il s’agit là d’un mécanisme novateur qui apporte une vision sur dix ans et qui comporte une clause de revoyure tous les trois ans. Je me félicite que l’État ait soutenu le fluvial en apportant une part prépondérante des 3 milliards d’euros qui y seront investis jusqu’en 2029. Il ne sera toutefois pas seul puisque l’Europe participera également [au travers des travaux sur la liaison Seine-Escaut, qui comprend quatre projets d’infrastructures entourant le canal Seine-Nord Europe] ainsi que les Régions et les acteurs territoriaux. Les ressources dégagées par l’établissement public permettront de contribuer à cet effort inédit. Le fluvial s’inscrit donc pleinement dans un schéma de renouveau et ses taux de progression avant crise, de l’ordre de 10 %, sont là pour en attester.
L’OT : Que prévoit le COP ?
T. G. : Tout d’abord, les investissements précités vont permettre la régénération, le développement et la modernisation des canaux et méthodes d’exploitation. Par exemple, lorsque VNF récupérera, en 2029, la gestion du canal Seine-Nord Europe, qui fait l’objet d’un financement spécifique hors COP, l’ensemble des canaux et ouvrages exploités auront été mis à niveau. Au-delà des avantages environnementaux que nous souhaitons continuer à mettre en avant – le transport fluvial émettant cinq fois moins d’émissions de CO2 que le transport routier –, nous allons poursuivre la recherche de partenariats à l’image de celui que nous avons mis en place avec SNCF Réseau. Les chaînes logistiques ne fonctionnent bien que si elles sont complémentaires. Autour d’une colonne vertébrale fluviale, il peut donc y avoir des dessertes finales réalisées par le routier. C’est un axe de travail à venir. J’ajoute que le fluvial est un mode de transport qui n’est pas congestionné. Nous pourrions faire face sans difficulté à un trafic multiplié par quatre. Nous nous réjouissons que le potentiel de ce mode soit redécouvert.
L’OT : Quelles sont les actions majeures qui permettront à VNF de changer de braquet ?
T. G. : Nous avons prévu un volume fret transporté augmenté de moitié d’ici à 2030. Pour cela, nous allons doubler le niveau d’investissement. Parmi les opérations de modernisation majeures en cours figure celle liée aux écluses de Méricourt. Ce chantier mobilise une enveloppe de près de 100 millions d’euros. Les investissements favoriseront le développement de systèmes numériques plus fiables et de systèmes de traçage adaptés aux besoins de la batellerie et des logisticiens pour suivre et optimiser leurs flux. Enfin, déjà verts, les bateaux vont le devenir encore plus à la faveur d’aides apportées à leur motorisation-remotorisation. Il devrait ainsi y avoir, pour ne citer que ce seul exemple, une barge fonctionnant à l’hydrogène au cours du premier semestre 2022.
> Lire la suite de cet article dans l'Officiel des transporteurs n° 3070 du 4 juin 2021