La Bretagne part de très loin dans la reconquête de ses parts de marché dans le domaine du fret ferroviaire. Elles ne dépassent pas 1 % en effet. C’est dans ce contexte qu’une étude financée pour partie par SNCF Réseau sur les potentiels de report modal au profit du rail vient d’être lancée. Ses conclusions sont attendues au plus tôt mi-2023.
D’ores et déjà toutefois, des signes précurseurs d’une embellie commencent à poindre. C’est en particulier le cas sur le port de Brest qui a, enfin, vu revenir des trains de fret à l’issue d’une éclipse de plus d’une demi-douzaine d’années.
Un dispositif efficace
L’initiative en revient à la société Bunge qui, dans le cadre de la diversification de ses sources d’approvisionnement, a choisi le rail pour l’acheminement de colza entre le centre de la France et son silo portuaire de Brest. Au rythme de deux trains par semaine, ce sont, ainsi, une dizaine de convois expérimentaux qui ont été assurés par l’entreprise ferroviaire Millet Rail depuis mi-octobre 2022. Dix trains complets supplémentaires devraient suivre au début de l’année 2023. SNCF Réseau a, à cette occasion, démontré l’efficacité de son dispositif "tapis roulants", ce dernier ayant permis de disponibiliser les sillons nécessaires aux circulations dans des délais réduits.
Au-delà de la restauration d’une seconde fréquence hebdomadaire pour évacuer la production de l’usine automobile Stellantis de La Janais (près de Rennes) intervenue au cours du second semestre 2022, des discussions se poursuivent actuellement pour la mise en place d’une nouvelle relation de transport combiné entre le terminal de Rennes et le Nord de la France. Si le feu vert en est donné, le démarrage de cette nouvelle ligne exploitée à raison de trois fréquences hebdomadaires pourrait intervenir courant 2023.
Une carte à jouer dans les granulats
À ces trafics pourraient s’en ajouter d’autres. Comme l’explique Denis Déléris, directeur commercial de SNCF Réseau pour les Régions Bretagne et Pays-de-la-Loire, "nous n’avons pour l’heure aucun trafic dans le domaine des granulats. Profitant en cela de la présence de carrières non embranchées dans le massif armoricain, nous pourrions envisager la mise en place d’un nouveau trafic associant la route pour convoyer les granulats depuis une carrière jusqu’à une cour marchandises et le rail pour l’acheminement final. Les contacts que nous avons noués nous donnent bon espoir de concrétiser un premier report modal courant 2023. Le trafic ainsi remis au rail pourrait être de l’ordre de 80 à 100 000 tonnes par an."
D’autres développements concernant notamment le terminal combiné de Rennes et l’inscription du port de Brest au réseau européen RTE-T devraient constituer autant d’atouts à l’avenir pour faire grimper la part modale. "Car il s’agit non pas de doubler la part modale du fret ferroviaire dans les années à venir mais bel et bien de rattraper notre retard vis-à-vis de la moyenne nationale. Celle-ci s’établissait à 10,7 % en 2021", conclut Denis Déléris.