Actu-transport-logistique : Quelle feuille de route suivez-vous depuis votre nomination en mai 2021 ?
Paul Mazataud : Je suis chargé de la mise en œuvre de la stratégie de développement du fret au sein de SNCF Réseau. Mon rôle consiste donc à organiser un certain nombre d’actions, concrètes et pragmatiques pour développer le fret ferroviaire à court et moyen terme. Ces actions doivent être compatibles avec les objectifs de SNCF Réseau en matière de travaux et d’équilibre financier. Il s’agit tout d’abord d’améliorer notre connaissance du marché fret dans toute sa diversité et en prenant en compte sa dynamique. Nous travaillons parallèlement aux côtés des entreprises ferroviaires à l’amélioration de la qualité de nos sillons et à la régularité des trains. Nos objectifs sont ambitieux en la matière puisque nous souhaitons augmenter de dix points d’ici trois ans le taux de ponctualité de cinquante trains long parcours clefs. Nous y parviendrons en améliorant aussi leur ponctualité au départ avec toutes les entreprises du secteur.
ATL : La récente Journée OFP a fait remonter des attentes quant à la qualité des sillons du transport combiné. Ce problème est-il réglé ?
P. M. : Il convient en effet de bien distinguer les sillons du transport combiné de ceux du fret traditionnel dont la qualité s’est bien améliorée cette année. Compte tenu du fait qu’ils soient plus longs en distance, les sillons du transport combiné sont plus difficiles à construire. C’est ce qui explique que nous travaillons encore à la construction de certains d’entre eux pour le service annuel 2022. Cela dit, nous mettons en place un suivi spécifique des sillons qui n’ont pas encore reçu de réponses satisfaisantes. Par ailleurs, grâce à un nouveau programme de sécurisation des sillons de 210 millions d’euros dans le cadre du plan de relance, nous sommes en mesure d’aménager un certain nombre de chantiers de régénération du réseau pour qu’ils aient un moindre impact sur l’existence des sillons fret. Ce programme nous a déjà permis de préserver près de deux mille sillons fret en 2022, en particulier pour le 2e semestre.
ATL : Comment comprendre que des lignes capillaires fret puissent encore fermer et que d’autres ne rouvrent pas au fret alors que l’objectif de l’ensemble des acteurs de la filière est justement de doubler le trafic fret ?
P. M. : Même si la réouverture de certaines lignes peut s’avérer pertinente, il ne faut pas perdre de vue que l’enjeu de la croissance significative du fret ferroviaire passe d’abord par le réseau structurant et les lignes capillaires existantes. Sur ce dernier point, le plan de relance du fret ferroviaire lancé par l’Etat en 2020 comprend un investissement de 205 M€ pour régénérer des voies parvenues en fin de vie au cours de la période 2020-2024. Ce plan d’envergure s’est déjà concrétisé par la signature d’accords en ce sens avec les Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Centre-Val de Loire. Il faut que ce mouvement s’accélère car il reste encore de nombreuses lignes qui courent le risque d’une fermeture pour raisons de sécurité, en particulier dans les Régions Grand Est et Hauts-de-France. L’Etat, les Régions et les chargeurs sont fortement mobilisés sur le sujet.
Enfin, s’agissant des quelques lignes de desserte fine du territoire qui rouvrent, il n’est pas inutile de préciser que les coûts des réouvertures sont souvent plus élevés lorsqu’il s’agit d’envisager une desserte mixte voyageurs/fret. La demande doit donc être parfaitement identifiée en amont pour que ces lignes rouvrent également aux services fret.