Dans quelle mesure la non-maintenance des lignes capillaires risque-t-elle de menacer votre activité ?
Pascal Sainson : "Chez Europorte, 2,2% de nos trains-kilomètres correspondent à du réseau capillaire, c’est donc minime. Vus de RFF, ces 2,2% ne représentent pas grand-chose mais ces 2,2 % de trains génèrent 37% de notre activité. C’est-à-dire que pour amener des céréales à Fos, il faut aller les chercher dans des silos, eux-mêmes au bout de petites lignes, en voie unique et en mauvais état.
Actuellement, une de nos lignes est fermée et nous nous battons pour la faire rouvrir. Au bout de la ligne, il y a 4 km de voies et un silo énorme où l’on génère 80 000 tonnes avec Cérévia, soit 20 à 25% de trafic supplémentaire. Le réseau capillaire devient le point d’entrée. Si on ne peut plus remplir de wagons de céréales dans les silos, on ne pourra plus les ramener à Port-Saint-Louis. Globalement, cela devient perdant-perdant. Quand on regarde par le petit bout de la lorgnette, on peut dire que l'on ne gagne pas d'argent sur 30 km, ou en investissant sur le réseau capillaire mais il faut élargir la vision. D’un point de vue stratégique, on voit qu’il représente 2,2% de trains, donc 37% de trains qui ne circulent plus sur le réseau national.
Europorte est présent dans huit ports majeurs français en tant que gestionnaire ferroviaire. Quels sont ses missions et ses objectifs ?
Nous sommes devenus les gestionnaires d’infrastructures des grands ports français à la suite d’appel d’offres lancé. Celui sur le port de Marseille est en cours et nous y répondons. Nous verrons ce qui en ressortira.
Notre rôle est de réhabiliter le réseau. Un peu comme sur le réseau capillaire, nous y avons trouvé des voies en très mauvais état. À certains endroits, le réseau portuaire a quelque peu été délaissé. Nous l’avons repris en main en le modernisant, en le rénovant. Nous réalisons une exploitation très transparente par rapport aux patrons des ports, aux propriétaires des ports qui sont les régions. Nous leur amenons beaucoup de visibilité sur leur réseau, sur leur port et sur leur utilisation. Nous essayons d’apporter de la qualité, de la transparence et du développement.
Quelles sont les innovations sur lesquelles vous travaillez ?
Beaucoup ! C’est un peu la marque de fabrique du groupe Eurotunnel. C’est une société qui innove beaucoup dans le domaine du ferroviaire. Europorte, qui est une de ses filiales, suit la même philosophie.
Ce que nous avons créé avec Cérévia est une innovation. De savoir gérer certains flux différemment, de répondre à nos clients, de savoir reprendre la maintenance de voies, l’exploitation de ports avec un œil neuf et différent, c’est une innovation qui permet de développer le ferroviaire".
> Lire l'intégralité dans L'Officiel des Transporteurs n°2740 du 30 mai : Interview Pascal Sainson, président d'Europorte : "La qualité de service nous permet de générer de la croissance"