L’immobilisme n’est plus de mise en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie au plan de la réouverture des lignes capillaires fret. Tel est en substance le message porté par ces deux collectivités territoriales en prolongement de leur engagement à expérimenter de nouveaux modèles de portage en vue de la réouverture de la ligne de fret ferroviaire Agen-Auch. Ce message est d’autant plus fort que les travaux prévus sur cette ligne devaient s’achever au 31 décembre 2018. Or, ils n’ont toujours pas débuté !
Manque total de confiance
Selon les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, la faute en incombe directement à SNCF Réseau, qui n’a pas sécurisé le financement des fonds européens, ceux-ci représentant 30 % du montant des travaux. Pour Renaud Lagrave, vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des infrastructures, transports et mobilités, "SNCF Réseau doit prendre ses responsabilités s’il n’y a pas d’autres sources de financement. Il lui incombe donc d’apporter l’avance et de faire en sorte que les travaux puissent débuter le plus rapidement possible."
Les deux Régions ne se font toutefois guère d’illusions sur l’issue de cette requête. Les mots de Renaud Lagrave ne sont pas assez durs pour dénoncer "le défaut d’anticipation et le manque d’encadrement pour assurer le suivi des dossiers de SNCF Réseau. Il n’y a pas, en outre, que la question financière qui est posée. C’est surtout le fait que nos deux Régions ont un manque total de confiance vis-à-vis du gestionnaire du réseau ferroviaire français".
Maintien de la propriété publique
Afin de sortir de cette ornière et alors même que de nouvelles menaces de suspension de services se font jour, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie ont donc décidé de lancer conjointement une étude début 2019. Elle aura vocation à étudier toutes les modalités -montage juridique, capacité à maîtriser les coûts, etc. - découlant de l’expérimentation de nouveaux modèles de portage des travaux et de gestion de la ligne Agen-Auch. Toutes les possibilités seront donc examinées sauf une : la propriété de la ligne. "Il est hors de question que ce ne soit pas une propriété publique", avancent déjà de concert Renaud Lagrave et son homologue d’Occitanie, Jean-Luc Gibelin. Nouvelle-Aquitaine sait faire sur ce point puisqu’elle est déjà propriétaire de la ligne Laluque-Tartas (14 km).
Les premières conclusions de cette étude sont attendues à l’été 2019. Nul doute que celles-ci seront observées très attentivement par d’autres Régions qui doivent également faire face à une vague de fermetures provisoires ou définitives de lignes capillaires fret ou appartenant au groupe 7 à 9.
Une ligne à l’arrêt depuis près de trente mois
D’une longueur de 69 km et à cheval sur les deux Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, la ligne capillaire fret Auch-Agen est suspendue depuis le 1er mars 2016. Avant la suspension du trafic pour cause de mauvais état de la voie, cette ligne voyait passer entre 80 000 et 160 000 tonnes par an. Elle était présentée comme primordiale pour les entreprises céréalières locales. Sur une enveloppe globale de 6,45 millions d’euros pour sa remise en état, l’engagement respectif des Régions Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie est de 626 667 euros et de 1 253 333 euros.