Aux côtés du transport routier, le rail joue également un rôle crucial pour assurer la continuité des approvisionnements alimentaires, matériels et sanitaires de la France. Au sein de cette filière, le combiné rail-route répond incontestablement présent au travers du nombre de trains réalisés. Même si le nombre de circulations à baissé ces dernières semaines – 60 % du plan de transport habituel étant couvert actuellement – tous les trains concourant à l’approvisionnement stratégique de la France sont réalisés à 100 %. Ces convois circulent d’autant mieux que le réseau s’est progressivement vidé de ses circulations voyageurs et que les travaux de régénération du réseau ont été suspendus.
Points de vigilance
Sans le travail réalisé en étroite concertation avec SNCF Réseau, ce résultat ne serait pas aussi probant. Car c’est avec le gestionnaire des infrastructures ferroviaires que sont vues au jour le jour les éventuelles pierres d’achoppement. Parmi ces dernières figure le passage ponctuel de certaines zones en 2 X 8 alors que les trains du combiné circulent majoritairement en saut de nuit. Un autre point de vigilance concerne la tenue des postes dans les terminaux de transport combiné.
Mais dans l’ensemble, et comme le souligne Aurélien Barbé, délégué général du Groupement national des transports combinés (GNTC), "paradoxalement, les opérateurs bénéficient de l’expérience acquise à la faveur des récents mouvements sociaux et de la mise en place du plan SONAR qui a été réactivé pour l’occasion. Ce dernier permet, en effet, d’assurer notamment une coordination entre les entreprises ferroviaires / opérateurs de transport combiné et les équipes de circulation de SNCF Réseau. Ainsi, et puisqu’il s’agit de notre préoccupation première, nous ambitionnons de maintenir l’activité au niveau où elle se trouve actuellement jusqu’à la fin de la crise."
Situation financière dégradée
Dans l’attente, tout comme le transport routier d’ailleurs, d’une reconnaissance par l’État du rôle déterminant mené en ce moment même pour approvisionner les français en denrées alimentaires et en produits pharmaceutiques et d’hygiène, le combiné rail-route doit également faire face à une situation financière dégradée. Les mouvements sociaux de décembre 2019 et janvier 2020, suivis par le blocage des ports et le ralentissement économique ont mis à mal la trésorerie des acteurs de ce secteur. Aurélien Barbé n’hésite d’ailleurs pas à employer le terme de "catastrophe" pour qualifier la situation présente.
Avant d’ajouter que "nous sommes en train de piocher dans la trésorerie. Nous attendons donc des réponses urgentes de la part du ministère des transports. Parmi les mesures qui pourraient être prises à cette occasion figure l’exonération du paiement des sillons ferroviaires durant une période de 6 mois."
Force de proposition pour le grand plan de relance
En attendant que ce point crucial soit résolu, toute la filière se mobilise pour le grand plan de relance du fret ferroviaire qui doit être présenté d’ici à la fin de l’année. "À l’aide de la structure 4F (Fret Ferroviaire Français du Futur) et des groupes de travail que nous avons mis en place, nous travaillons activement aux propositions que nous serons ainsi amenés à présenter dans ce cadre-là dans le courant de l’année dans le prolongement de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM)", conclut le délégué général du GNTC.
D’ici-là, le combiné rail-route pourrait bien avoir conquis de nouveaux clients. Un certain nombre de chargeurs examine, en effet, les avantages qu’ils pourraient retirer d’un report modal en faveur du rail pour leurs envois massifiés respectueux de l’environnement.